
Cloisons
Concept par Ivy Studio, réalisation Atelier Manovra
©Alex Lesage
Rassemblant architectes, designers, fabricants et artistes, la journée se voulait à la fois festive et immersive. Avec seulement 48 heures de montage, l’espace a été transformé en un lieu de circulation, de dialogue et de découvertes, articulé autour d’une scénographie à la fois minimale et profondément expressive.

©Alex Lesage
Le thème de l’édition 2025, Génération Générative – Design en processus, mettait en lumière ce qui est habituellement caché : les esquisses, les erreurs, les matières brutes et les premières intentions. En plaçant le processus au cœur de l’expérience, l’événement célébrait une esthétique en devenir, un design vivant et potentiellement perçu comme imparfait.

modules et fleurs
Modules revalorisés par Ivy Studio, Issus de l'édition antérieure (concept J. Verville et Ébénisterie CST).
Arrangement floral par Prune Les Fleurs
©Alex Lesage

Comptoirs d'accueil
©Alex Lesage
Au rez-de-chaussée, les visiteurs étaient accueillis par une zone d’accueil et un petit café-buvette. Trois murs courbes en Tyvek translucide filtraient la lumière et l’espace, dévoilant progressivement le cœur de l’événement : une vaste salle d’exposition horizontale, où près de 70 exposants présentaient leurs produits dans des stations modulaires.

Vue de l'exposition
©Alex Lesage
À l’arrière, une scène secondaire permettait la tenue de conférences informelles. Une boutique éphémère, regroupant des objets locaux et Des beaux-livres, complétait cette première séquence.

Mobilier de scène
Chaises Céline par SÉjour Furniture x Small Medium Large Studio.
Tables-tabourets par Ivy Studio.
©Alex Lesage

Chaise Céline
Dans son État brut, non fini. par SÉjour Furniture x Small Medium Large Studio.
©Alex Lesage
À l’étage, l’ambiance se faisait plus posée. Une salle de conférence de 400 places accueillait une programmation soutenue de conférences. À l’opposé, un restaurant éphémère offrait une expérience culinaire toute la journée.

©Alex Lesage
Entre les deux, une galerie linéaire présentait une série d’installations artistiques liées à la thématique annuelle: Génération Générative – Design en processus.
La scénographie revendiquait une esthétique brute, transitoire et fonctionnelle. Des murs autoportants construits en bois brut et recouverts de Tyvek de chantier divisaient les espaces tout en laissant filtrer la lumière. Leur structure apparente, volontairement inachevée, s’accordait à la temporalité de l’événement.
Certains murs servaient à structurer les parcours; d’autres devenaient supports d’affichage ou de création. Leur matérialité soulignait la nature éphémère de l’intervention, pensée dès le départ pour être réemployée sur de futurs chantiers. Le mobilier, réutilisé d’éditions précédentes, a été transformé en nouvelles compositions. Les modules rectangulaires, combinés à de nouveaux plateaux noirs, formaient les tables d’exposition. D’autres modules étaient utilisés comme façades de comptoirs ou comme bancs. L’ensemble créait une grammaire visuelle cohérente, à la fois familière et transformée.

L’espace restaurant met en scène des assises imaginées par la nouvelle génération des designers locaux. Brutes, inachevées, les chaises révèlent leur matérialité à l’état brut, soulignant l’évolution du design avant sa finalisation. Entre expérimentation et dialogue, les lieux invitent à réfléchir sur l’essence du geste en devenir et du design comme flux en transformation.
De gauche à droite: Spline par Jérémy Paguet; Layout par Studio Super Sunday; Atrium par Le Chatelier
©Alex Lesage

Rounded Edges par LESORR
©Alex Lesage

Moule du luminaire Galagog, par Gim Bert
Suspendu horizontalement, Galagog rappelle le dormant d’un chemin de fer, ou plutôt une bûche dans un foyer car sa surface semble vivante, tordue, vibrante, énergique. Malgré son apparence solide, sa texture fait penser à de l’argile modelée par les mains d’un artiste. Alors que sa forme et sa texture sont familières, voire organiques, sa couleur cœur-de- phoque insinue que ce trésor suspendu vient d’une autre galaxie.
©Alex Lesage
Au restaurant de l’étage supérieur, l’expérience de repas était revisitée. Une grande table composée de panneaux de contreplaqué noir et de structures de scène occupait le centre de la pièce. Autour, une collection de chaises prêtées par des designers locaux créait une composition éclectique et vivante. Toutes étaient présentées à l’état brut : joints visibles, matériaux apparents, surfaces non finies. Des menus illustrés, placés sur la table, décrivaient chaque chaise, leur créateur, et leur histoire de fabrication, comme une carte de vin artisanale dans un bar de quartier.

Restaurant Éphémère
©Alex Lesage
À proximité, un lounge de prototypes rassemblait des pièces de mobilier en phase exploratoire — sièges, étagères, tables — parfois vouées à la production, parfois uniques, toujours en processus.

Lounge Prototypes
de gauche à droite
Table Brass et Patina par L'Autre Atelier : Brass et Patina joue avec l’humain et la matière. Son dessus en laiton non vernis capte les traces du quotidien, célébrant une patine unique. Inspirée par Philippe Malouin pour ses lignes audacieuses et Louboutin pour son jeu de couleurs, la base en MDF noir lamellé et acier rouge apporte des détails surprenants et raffinés.
Prototype de chaise par l'Autre Atelier : Prototypes de chaises conçus dans une démarche artisanale écoresponsable, à partir de matériaux et formes recyclés trouvés dans l'atelier. Chaque liaison, chaque assemblage, résulte d’une réflexion sur le réemploi, magnifiant le bois tout en préservant son histoire. Un design harmonieux, alliant simplicité et durabilité, pour une pièce réinventée.
Banc Tom par Reggy St-Surin : Le banc Tom est l'évolution de la chaise du même nom. Tout en gardant son caractère unique et coloré, le banc propose une nouvelle forme pouvant créer un rappel à une nouvelle créature.
Prototype d'Étagère Quinlan Osborne pour Claste Collection : Une étude compositionnelle utilisant des composants modulaires pour créer un système d'étagères qui explore l'interaction dynamique entre ordre et spontanéité. Sa configuration adaptable favorise une relation réactive aux contraintes spatiales et à l'intention créative, réalisant ainsi un équilibre raffiné entre rigueur formelle et flexibilité expressive.
©Alexis Monet

DIVAN VM02 par Ivy Studio
VM02, sculpturale et minimaliste, cette méridienne explore l’équilibre entre rigueur géométrique et confort enveloppant. Son ossature angulaire, d’une précision architecturale, dialogue avec la douceur du textile profond. Entre fonctionnalité et expression formelle, elle réinterprète les codes du mobilier modulaire et du design avant-gardiste.
©Alex Lesage
Plusieurs interventions ponctuaient l’espace. Au cœur du restaurant, une installation de Studio Sveja mêlait mousse, terre et grillage pour composer un paysage circulaire dominé par une chaise sculpturale végétalisée.

Studio Sveja
Studio Sveja imagine une chaise sculpturale en mousse et fleurs, qui met en valeur les instants suspendus du processus créatif—ceux où les formes restent brutes, mouvantes, en quête d’identité. Fusionnant matières organiques et mécaniques malléables, la structure respire, se métamorphose, et célèbre la beauté insaisissable des créations en devenir.
©Alex Lesage

Studio Sveja
©Alex Lesage
Dans le hall, l’artiste Delphine Huguet suspendait des soies colorées à travers la structure d’un mur non fini, apportant une douceur tactile au langage constructif.

"En dansant autour du cadre", oeuvre in situ par Delphine Huguet
L’installation de Delphine Huguet explore l’incertitude et l’imprévisible à travers la présence de textiles suspendus, invitant à imaginer un futur en constante mutation. L’installation in situ dialogue avec la scénographie de l’événement en y intégrant soie, coton et lin blanc, des supports vierges aux textures variées, issus des expérimentations textiles de l’artiste. Les images colorées qui composent l’installation sont des photographies de ciels captés au crépuscule ou à l’aube aux quatre coins du Québec. Imprimées sur soie, ces images prennent des airs de peinture grâce au cadrage et à la matérialité du textile. En se détournant des cadres traditionnels associés à la pratique photographique, l’artiste ouvre un espace de réflexion où la matière évolue au rythme des regards et des imaginaires.
©Alexis Monet
Plus loin, le collectif canadien Double Entendre présentait une série d’objets uniques, conçus par des designers émergents de partout au pays.

Installation par Double Entendre
Projet collectif de créateurs émergents où il s'agit de démontrer que l’erreur ou l’imperfection dans le processus de création, loin d’être un échec, peut devenir un outil créatif et critique face à des processus trop mécaniques ou conformistes. Double Entendre explore comment intégrer l’«erreur humaine » dans des processus de production standardisés pour questionner les rigidités imposées par une approche trop rationalisée.
©Alex Lesage
Chaque pièce racontait son propre processus, visible dans ses formes, ses matériaux et ses détails laissés apparents. Complètement Design s’impose, année après année, comme un rendez-vous phare pour la communauté créative montréalaise. Plus qu’un salon, c’est un lieu de recherche, d’échange et de transmission.

©Alex Lesage
L’édition 2025, en plaçant le processus au centre de la réflexion, a su faire émerger un autre récit du design — celui de la transition, du chantier, de l’essai. Une vision ancrée dans l’humain, dans le partage, et dans l’imperfection rendue visible.

PHILIP Staszewski, Architecte co-fondateur, Ivy Studio
©Alex Lesage