Eglinton Crosstown, la nouvelle ligne de train léger sur rail à Toronto

Eglinton Crosstown, la nouvelle ligne de train léger sur rail à Toronto

Daoust Lestage Lizotte Stecker signe la direction du design, établissant la vision mobilisatrice, la signature identitaire ainsi que l'approche conceptuelle et modulaire, de la nouvelle ligne de train léger sur rail Eglinton Crosstown, à Toronto; un projet d'intégration urbaine avec une fréquentation annuelle projetée de 50 millions de passagers.

Daoust Lestage Lizotte Stecker, mandaté par l’équipe Crosslinx Transit Solutions dans le cadre du plan régional de transport de Metrolinx – The Big Move, a dévoilé les lignes directrices du design (DX – Design Excellence) de la nouvelle ligne de train léger sur rail Eglinton Crosstown, à Toronto.

Ayant pour objectif de rehausser la qualité du design dans l’espace public, la démarche de conception du cabinet québécois primé, s’inspire de principes d’architecture civique inscrite dans son contexte d’intégration urbaine.

Un projet d’intégration urbaine

Avec une fréquentation annuelle projetée de 50 millions de passagers, la nouvelle ligne Eglinton Crosstown LRT (ECLRT) offrira aux Torontois un service de transport rapide et fiable sur l'avenue Eglinton, couvrant 19 km et comprenant 15 stations souterraines et 10 stations de surface. Ce train léger sur rail est le premier grand projet de transport en commun à être réalisé dans le cadre du plan régional de transport de Metrolinx – The Big Move.

Un engagement envers la qualité du design

Daoust Lestage Lizotte Stecker a agi à titre de firme responsable de la direction du design (DX – Design Excellence) pour l'équipe Crosslinx, établissant la vision mobilisatrice, la signature identitaire ainsi que l'approche conceptuelle et modulaire (kit-of-parts) pour l'ensemble de la ligne.

 « Afin d'appliquer une réflexion architecturale approfondie à un projet urbain d'envergure majeure, notre équipe, chargée de la vision mobilisatrice du design, du ‘Design Excellence’, et l'équipe technique, avons conjugué nos expertises pour la mise en œuvre de ce projet en transport collectif », explique Renée Daoust, architecte et urbaniste, associée principale chez Daoust Lestage Lizotte Stecker et responsable DX pour l’ensemble du projet.

Le droit à la lumière & la mise en valeur du mouvement cinétique

L’ADN conceptuel repose sur une vision mobilisatrice cohérente et identitaire forte le long de la ligne, tout en respectant la spécificité des lieux d’insertions. L’optimisation de la lumière naturelle et la célébration du mouvement cinétique définissent les principes fondamentaux de l’approche architecturale. Ces principes fédérateurs enrichissent la stratégie de développement durable et la qualité de l’ensemble du projet de transport, afin de bonifier l’expérience des usagers au sein d’environnements soignés.

SITU – au sein de son milieu naturel

La démarche de conception s’inspire de principes d’architecture civique inscrite dans son contexte d’intégration, convertis en un acronyme simple : SITU, qui réfère à :

  • Simplicité formelle, matérielle et de composition menant à une architecture durable, élégante et pérenne;
     
  • Iconographie formalisée par des composantes reconnaissables et par une utilisation cohérente de la forme, des matériaux et de la couleur dans un système de transport en commun hautement identifiable;
     
  • Transparence afin d’accroître la perméabilité sur rue, de faire pénétrer la lumière naturelle en profondeur dans la station et de produire un environnement cinétique en constante évolution par un jeu d’ombres et de lumière qui fluctue au fil du jour et des saisons;
     
  • Urbanité afin d’assurer l’intégration de l’architecture à son contexte et à sa communauté atteinte par la mise en place de stratégies conceptuelles sensibles et par le calibrage adéquat de détails à l’échelle de l’usager qui facilitent une appropriation collective des espaces.

À l'échelle de la ville

L'approche modulaire (kit-of-parts) a été développée pour renforcer une cohérence de design, allant de l'échelle de la ville jusqu'à celle de l'objet. Il y a trois typologies de stations souterraines distinctes afin de s'adapter aux conditions variables des différents sites le long de l’avenue Eglinton, tout en conservant un langage architectural unifié; station pavillonnaire, station de coin et station mitoyenne.

À l'échelle de la station

Pour chacune des stations, l’édicule d’entrée principale se découpe en deux assemblages distincts : un volume de verre, tout en transparence, s’inscrit en contraste avec un corps de bâtiment opaque qui intègre les composantes de services inhérentes au transport en commun. L’écrin de verre, évanescent, s’ouvre sur l’espace public en complément à la boîte technique bien ancrée dans son milieu. Faisant écho au mouvement naturel des passagers vers la plateforme, la structure s’incline dans la même direction et accompagne les usagers dans leur parcours.

 « Le bâtiment technique opaque est ceinturé d'une enveloppe de panneaux modulaires en béton préfabriqué lumineux et texturé, en résonnance aux bâtiments civiques de Toronto », explique Rachel Stecker, architecte associée. « Les panneaux de béton, inspirés par les couches géologiques du sol, relient verticalement le niveau de la rue jusqu’à celui des quais. »

Afin de répondre aux préoccupations de durabilité et d’entretien à long terme, un module de 1,5m rythme l’ensemble des composantes, facilitant ainsi la construction et le remplacement tout au long de la durée de vie du projet.

L’expérience intuitive et fluide pour les passagers

Au niveau mezzanine, l’aménagement des espaces est intelligible et les circulations directes. Des surfaces sobres et blanches offrent des lieux lumineux de qualité muséale et se transposent en un canevas qui s’anime avec le passage des usagers. Les volumes à double hauteur, de la mezzanine jusqu’au quai, créent une ouverture spatiale au sein de chaque station, permettant aux voyageurs de comprendre clairement le parcours vers la plateforme tout en créant un espace souterrain ouvert et confortable.

Au niveau de la plateforme, la tapisserie urbaine, un élément emblématique de l’approche SITU, se déploie à la manière de fresques qui s’étendent sur toute la longueur du quai et animent les murs de béton coffré. Les graphiques surdimensionnés incarnent et magnifient les thèmes de la lumière et du mouvement cinétique. 

L’utilisation systématique de la couleur

En tant que future ligne orange, cette couleur signature est appliquée de manière stratégique pour servir d'outil d'orientation. L’orangé des marquises au profil effilé devient un élément caractéristique de la ligne et souligne l’entrée des stations. Cette couleur vibrante est également utilisée en accent sur des éléments du mécano tels que le mobilier, ainsi que pour marquer les zones de circulation importantes comme les cages d'ascenseur et les zones accessibles universellement, créant ainsi une expérience fluide et intuitive pour les passagers.

La démocratisation de l’art public

Pour démocratiser l'art public, des vitrines d'art, intégrées à même les façades principales du volume technique, se déploient dans trois stations et mettent en valeur le travail d'artistes locaux émergents. Dans les six stations intermodales, huit œuvres majeures d'artistes internationaux sont intégrées à même l'architecture intérieure, apportant une dimension civique et marquant l'importance de ces points de connexion avec le réseau de transport en commun existant. Ces œuvres apportent couleur et vibrance aux stations, ponctuant le parcours des passagers jusqu'au niveau des quais.

La qualité des ouvrages dans l’espace public

La nouvelle ligne de transit démontre le pouvoir considérable d'un projet fédérateur et clairement défini, elle génère des espaces publics et civiques, réduit la congestion routière, augmente la densité urbaine et favorise la durabilité. L'approche conceptuelle est devenue une vision mobilisatrice qui a servi de guide à l'équipe de conception de plus de 500 architectes et ingénieurs, offrant une cohésion à toutes les étapes de la conception et de l'exécution.

« À titre de projet de développement urbain, ECLRT représente une occasion unique de formaliser une signature architecturale, de l'échelle de la ville aux plus fins détails, tout en respectant le genius loci des quartiers Torontois, diversifiés et en constante évolution » conclue Renée Daoust.

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Crédit photo : Tom Arbam