L’idée derrière la démarche d’Entremise est celle-ci : permettre une occupation temporaire des bâtiments vacants pour offrir une alternative durable, responsable et économique aux dommages causés par l’abandon et la démolition qui menace ceux-ci. Problématique bien réelle à Montréal, le récent abandon de l’hôpital Royal-Victoria et l’imminence de celui de l’Hôtel-Dieu témoignent d’un besoin criant d’agir pour solutionner ce phénomène. Seulement au centre-ville de Montréal, c’est environ 15% des espaces à bureau qui est inoccupé tandis que le nombre d’immeubles vacants à valeur patrimoniale est considérable dans les différents arrondissements de la Ville. Simultanément, le besoin en espace abordable se fait de plus en plus sentir dans la métropole. La volonté d’Entremise : optimiser la ressource existante et la rendre accessible à prix modique.
Cette idée a d’ailleurs valu aux quatre fondateurs d’Entremise de se mériter le premier prix au concours d’idées Morph.o.polis organisé par l’Office de consultation publique de Montréal dans le cadre de Vert Mtl. Sous le thème de Reconvertir Montréal, le concours invitait les professionnels de l’aménagement à proposer des solutions responsables et durables pour transformer les structures existantes de Montréal. « De tous les projets, nous avons été les seuls à présenter une stratégie plutôt qu’une intervention architecturale tangible », raconte M. Lapalme. Le design de services et de stratégies est d’ailleurs au cœur de la pratique d’Entremise qui se compose d’un groupe multidisplinaire provenant des milieux de l’architecture, du design industriel, de la gestion du patrimoine et de l’architecture de paysage.
Actuellement en démarrage, l’équipe d’Entremise rencontre les différents acteurs concernés afin de faire valoir le potentiel des usages transitoires comme stratégie à utiliser. « Je dirais que tout le monde à qui on parle est emballé par le projet et démontre beaucoup d’intérêt. La réponse est positive », soutient Jonathan Lapalme. En effet, les usages transitoires comportent plusieurs avantages dont ceux de diminuer les risques de vols et de saccage dans les bâtiments vacants, de permettre à des organismes communautaires ou des entreprises en démarrage de se loger à prix modique et de rencontrer les visées de la stratégie québécoise de développement durable. La préservation du patrimoine bâti représente la clé de voûte du projet. À Montréal, plusieurs bâtiments reconnus pour leur valeur patrimoniale finissent par disparaître du paysage architectural par manque de ressource. La Maison Redpath, démolie en 2014 illustre bien la problématique à laquelle Entremise entend s’attaquer. « La meilleure façon de garder vivant notre patrimoine architectural est qu’il soit habité », renchérit Jonathan Lapalme.
Avec un projet pilote en cours, Entremise est sur le point de concrétiser ses idées et d’en tester le potentiel à s'établir comme modèle adopté à l’ensemble de la Ville de Montréal. Dossier à suivre…