Mandatée de transformer un ancien presbytère de la rue St-Denis en un centre d'art contemporain multidisciplinaire, La SHED architecture a reçu carte blanche pour son intervention. Résultat : un lieu blanc aux usages multiples et connectés. « En mettant tout en blanc, on neutralise l'espace, explique Samuel Guimond, chargé de projet pour La SHED. C'est l'un des éléments que l'on a utilisés pour unifier les différentes sections du lieu. »
Unifier l'endroit représentait un défi important pour la firme, puisque ce bâtiment n'en était pas un, mais trois à la fois. L’espace a été construit en différentes étapes à travers différentes époques. Il y a le vieux bâtiment à l’avant, le presbytère d’origine, construit vers 1930 ; le bâtiment à l’arrière, venu quinze ans plus tard ; et toute une aile de chambres datant de l’ère moderniste. La connexion entre ces différents bâtiments et époques était assortie de contraintes. Parmi celles-ci, la complexité de conserver ce patrimoine tout en donnant une nouvelle vocation au lieu. « Comme l'endroit était autrefois un presbytère, les espaces étaient tous très cloisonnés, illustre Sébastien Parent, fondateur et architecte associé à La SHED. Mais on voulait permettre la déambulation, et on devait trouver le moyen d’ouvrir le lieu sans tout démolir... »
« On voulait garder des traces du passé. La mémoire du lieu ajoute au caractère de l'espace Livart. »
- Sébastien Parent
Pour y parvenir, La SHED a d'abord misé sur la réutilisation des éléments intéressants déjà en place. En plus de réduire les coûts, la conservation des planchers, des boiseries, des plâtres, des calorifères et même du système de chauffage aura aussi permis de capturer un peu de la mémoire du lieu - une touche qui, selon Sébastien Parent, enrichit le projet, et qui contribue à unifier l'intervention architecturale contemporaine avec l'héritage historique du bâtiment. « Le système d’éclairage joue également un rôle unificateur, puisque c’est le même un peu partout dans les différentes sections », renchérit Samuel Guimond. On notera que l'éclairage est fait de petits néons T5, des appareils de base peu coûteux. Sébastien Parent précise toutefois qu'« en les assemblant de façon réfléchie, on se retrouve avec un éclairage abondant et que peu importe le type d’exposition, les murs du Livart sont éclairés de manière uniforme. »
Mais le coeur de cette intervention architecturale est l'ouverture d'un large espace pour créer une galerie d'art faisant office de trait d'union entre les différents bâtiments. Composée de grandes ouvertures continues, elle crée un lien visuel et un jeu de perspective entre les espaces. Une tactique qui aura permis « d'enchâsser le côté plus contemporain du Livart » et de former « un tout cohérent qui intègre les différentes époques charnières du lieu », conclut Sébastien Parent.
Photo d'ouverture : Nick Dey.