Poser la question, c’est un peu y répondre. En termes de développement durable, les connaissances ont tellement évolué depuis deux décennies qu’il devient difficile de penser sérieusement que la règlementation suffit pour guider les pratiques en aménagement, surtout que la règlementation n’a pas vraiment changé au cours de cette période.
Ensuite, pour les standards de l’industrie, c’est beaucoup moins clair. Le Conseil du bâtiment durable du Canada, par exemple, travaille à développer les standards de l’industrie en accélérant la transformation vers des bâtiments, des habitations et des collectivités durables, sains et à haute performance.
Cependant, ces standards sont en bonne partie adaptables et ne signifient pas nécessairement des pratiques équivalentes d’une firme à une autre, d’une région à une autre. À partir de là, certains voudront privilégier les produits locaux, la flexibilité ou le design biophilique, alors que d’autres miseront sur la qualité de l’air et de la lumière; les pratiques se spécialisent, mais pour gérer tous ces critères, il devient fort utile d’utiliser un système d’évaluation reconnu.
Volontaire vs Règlementaire
Plusieurs firmes et plusieurs designers se sont volontairement dotés d’approches ou ont développé une pratique qui dépasse largement les exigences règlementaires. Si les certifications environnementales ont connu une adoption mitigée dans l’industrie du design intérieur, pour différentes raisons, principalement budgétaires, nous sentons un intérêt croissant du marché pour les aménagements intérieurs qui favorisent la santé et le bien-être. Parmi les motifs qui supportent cette percée, dans les milieux de travail particulièrement, l’amélioration de la productivité apparaît comme un important bénéfice. Elle réduit l’absentéisme et le présentéisme, et suscite l’intérêt des employés ou des visiteurs.
Une importante retombée des certifications est le mouvement induit chez les manufacturiers, qui ont en bonne partie emboité le pas en développement des produits à faibles émissions ou en utilisant les ressources de façon plus durable, puis en documentant de façon plus transparente leurs produits pour les professionnels. Il s’agit là d’un gain pour toute la chaîne de valeur du marché.
L’aspect volontaire représente néanmoins la force et la faiblesse des certifications que nous connaissons aujourd’hui, comme LEED, WELL et autres : elles reposent sur la définition et l’adoption de bonnes pratiques de la part de ceux qui veulent bien y mettre l’effort, à la suite du constat que la règlementation ne suffit pas pour guider le marché.
L’urgence d’agir
On dit qu’il n’y a pas de retour en arrière possible. Avec ce que la science nous dit sur les impacts des bâtiments sur la santé humaine, à cause de la mauvaise qualité de l’air ou de la mauvaise qualité de la lumière, pour ne nommer que ces deux critères, il devient déraisonnable de ne pas en tenir compte dans nos aménagements. Et avec ce que nous avons appris et que nous expérimentons maintenant des changements climatiques, il faut aller plus loin. Passer de la parole aux actes et réduire notre consommation de ressources, d’eau et d’énergie.
Le plus intéressant est que ces défis peuvent être très stimulants, car la créativité nait de la contrainte, et nous en avons maintenant beaucoup ! Personnellement, je pense que le design québécois est bien positionné pour faire face à la musique et se démarquer sur la scène internationale. Nous avons la créativité, les compétences, nous avons l’énergie propre et une économie verte en croissance; avec la volonté, nous pouvons être des leaders en écodesign.
Et vous, quelle est votre vision sur la question ?
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D’autres articles de l’auteur Hugo Lafrance et d’autres collaborateurs seront publiés mensuellement. En février, on se penche sur les matériaux !
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Crédit photo de couverture (rendus des intérieurs de Humaniti) : DevMcgill/Cogir
Article produit en collaboration avec le CBDCa-Québec.