Les candidats avaient 120 minutes pour proposer une solution d'aménagement qui transformerait un espace de 2000 pi2 en une aire commune vouée à l’usage des locataires de l’immeuble. La proposition devait tenir compte du reste des lieux conçu par le cabinet d’architecture d’intérieur VAD.
C’est l’équipe de Stéphanie Cardinal qui ressort gagnante de ce premier Défi-Design grâce à une proposition qui s’est démarquée par son empathie, son sens de l’écoute et sa générosité. Elle part donc avec le mandat de réaménagement pour Ivanhoé Cambridge, non seulement partenaire, mais aussi propriétaire de l’espace.
ID/ Quelles étaient vos attentes face au Défi-Design : retour au bureau ?
Le Défi-Design nous a fait vivre une expérience avant même d’arriver à Place Ville Marie. Cela nous a permis de nous réunir (ce qu’on n’avait pas fait depuis un an) et de réfléchir à ce qu'allaient devenir les bureaux et les nouvelles méthodes de travail. La réflexion était donc personnelle avant tout.
On voulait aussi être à l’écoute du client. On voulait rester nous-mêmes, on est Humà, on est humain. Le défi nous a vraiment donné le loisir de réfléchir et de comprendre ce que ça veut dire pour nous « retourner au bureau » . Cela nous a permis de mettre sur papier ce qu’on a vécu dans la dernière année et de nommer comment on se sent.
ID/ Le jury avait pour mandat de conseiller le client, Ivanhoé Cambridge, en se basant sur les critères suivants: l’innovation et la vision, l’expérience transformationnelle, puis la synergie et l’image de marque. Comment votre projet s’est-il démarqué des deux autres?
On n’avait pas d’idées préconçues. Pour nous, ce qui était important, ce n’était pas juste d’arriver avec une proposition, mais bien de cerner tout ce qui venait autour du projet. On est très à l’écoute chez Humà et on voulait que ce côté de nous se reflète dans le projet. Une grande partie du travail est de comprendre pour qui on travaille, à quoi va servir l’espace, quelles sont les valeurs du client et comment l’espace peut les véhiculer. Le jury et les clients ont souligné notre générosité, ce qui est drôle parce que nous, ce qui nous a vraiment surpris de ce projet, c’est la générosité du client. C’est donc une thématique qui fonctionnait vraiment bien avec eux et c’est ce qu’on a voulu développer. L’espace devait être généreux.
Il y a aussi les thématiques d’inclusion et de hiérarchie qu’on voulait aborder. On a tellement souffert durant la dernière année, c’était clair qu’il fallait jouer autour de ça.
On travaille beaucoup avec les communautés cries ces temps-ci pour qui tout est toujours en cercle, sans hiérarchie et c’est ce qu’on a vu dans le logo d’Ivanhoé Cambridge. Un logo rond inclusif et non hiérarchique. C’était clair que c’était dans ça qu’on allait.
ID/ Qu’avez-vous apprécié des autres projets?
Tellement de choses! Étienne Bernier (ndlr: gagnant du choix du public) était vraiment au même endroit que nous, ce qui était vraiment cool. On était à fond dans son projet. Ce n’était pas une fusion complète, mais presque. En plus, ses vignettes étaient tellement belles. Je les regarde et je comprends tout de suite le projet, je le vis déjà. Son travail est très ressenti.
Et Jean de Lessard ses croquis étaient magnifiques, mais vraiment magnifiques! Puis son projet est tellement ancré dans le territoire, ce qui est quelque chose qu’on n’a pas du tout exploité. C’était bien de voir ça.
ID/ Comment voyez-vous l’évolution du centre-ville et comment les entreprises devront évoluer?
Si tout le monde a la même générosité que Ivanhoé Cambridge au coeur du développement, ça risque de très bien évoluer. Les employeurs doivent promouvoir des espaces pour le mieux-être des gens. Les espaces conçus dans l’unique but de produire... c’est fini ce truc-là.
On a tous vu qu’on peut produire de chez nous, mais il y a plus. L’employeur doit changer sa façon de voir ces habitats-là pour donner la ville aux gens. Les vibrations qu’offre le centre-ville ne se retrouvent pas ailleurs.
Les employeurs doivent aussi accepter une plus grande flexibilité en termes d’heures, parce que les gens ne veulent plus aller au centre-ville et se taper le trafic et le stationnement qui coûte une fortune.
On souhaite tous un équilibre de vie. La pandémie c’est mauvais, mais c’est bon un peu aussi. La dernière année nous a tous donné envie d’être différents et de changer de rythme. À partir de maintenant, tout le monde se questionne, parce que le retour s’en vient. Les employeurs se demandent, comment je vais les recevoir, comment on va travailler? Comment faire pour avoir envie de travailler avec sa gang et de les retrouver.
Par exemple, quand je pense à Humà, je pense surtout à nos locaux. Nos locaux viennent cristalliser qui nous sommes. Le lieu, c’est l'âme de l’entreprise. Humà sans les humains sans les humains qui y travaillent, ce n’est qu’une idée. Les employés, la communion des équipes, c’est essentiel. Tout est basé sur la rencontre de l’humain et c’est sur ses bases que devront évoluer les entreprises suite à la pandémie.
ID/ On parle beaucoup de collaboration et d'espaces collaboratifs, mais comment gérer/concilier ce mode de travail avec les normes sanitaires?
Il y a plusieurs façons, mais je dirais que c’est surtout la technologie qui peut nous aider à gérer les normes sanitaires. Par exemple, si tu arrêtes d’ouvrir des portes avec des poignées, déjà c’est fou comme ça va aider.
Chez Humà, on travaille beaucoup dans le milieu hospitalier où on utilise des matières qui freinent le transfert bactérien. Le fait de travailler dans un espace qui est grand, dans lequel il y a une flexibilité dans le mobilier, aide aussi. Si une personne a besoin d'intimité, elle peut, mais si quelqu’un qui doit s’approcher, elle peut le faire aussi en toute sécurité. Le projet qu’on vient de proposer pour le Défi-Design est fluide, très organique, ce qui permet ce mouvement…
ID/ Quels types d'impacts l'événement Défi-Design peut-il avoir?
Les Défis-Design offrent une perspective sur de nouvelles possibilités. Je pense aussi que ça va contaminer les spectateurs à réaliser qu’il y a toute une structure qui peut être remise en place, on peut revivre l’espace communautaire, l’espace ensemble, l’espace d’échange, parce qu’on va contrôler plusieurs aspects. Je pense que les Défis-Design peuvent amener beaucoup d’espoir, beaucoup de réponses.
D’un point de vue professionnel, cela nous a confrontés à travailler ensemble et sortir de notre carcan.
Cela permet aussi d’expliquer le processus, ce qui fait beaucoup de bien. Montrer aux spectateurs et à ceux qui sont moins familiers avec le métier qu’il y a une certaine sensibilité à avoir et une grande réflexion avant d’entamer un projet. C’était un peu comme retourner à l’école où il faut vraiment réfléchir à son projet. C’est vraiment la partie le fun du métier, mais là c’est condensé en deux heures (rire).
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Pour aller plus loin dans le sujet du retour au bureau
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