Marilou Hudon-Huot: « Nous voulons travailler avec des professionnels qui feront évoluer notre vision »

Marilou Hudon-Huot: « Nous voulons travailler avec des professionnels qui feront évoluer notre vision »

Comment les promoteurs sélectionnent-ils les professionnels en architecture et design avec lesquels ils collaborent et avec quelles attentes? Quelles tendances les concepteurs doivent-ils surveiller? Cette semaine, Marilou Hudon-Huot, Vice-présidente, location commerciale et développement résidentiel chez société de développement Angus répond à nos questions.

ID/ Lorsque vient le temps de travailler sur l’architecture et le design de vos projets, comment procédez-vous ? Travaillez-vous avec des designers internes, octroyez-vous des mandats de services professionnels ou c'est selon le mandat ?

Nous collaborons avec des professionnels externes que nous choisissons pour leurs compétences spécifiques liées au projet. L’approche de chaque projet en architecture et en design est réfléchie en fonction des besoins spécifiques du site et de son environnement. On ne travaille pas de la même façon quand on élabore un plan d’ensemble que lorsqu’on crée un bâtiment ou que l’on en rénove un autre.

ID/ Quels sont vos trois critères de sélection quant au choix de l’architecte ou designer avec qui vous faites affaire ?

Nous voulons travailler avec des professionnels qui feront évoluer notre vision; n’auront pas peur de nous mettre à l’épreuve et apporteront des idées et des approches innovantes.

Nous établissons les objectifs d’un projet et le type de retombées que nous recherchons, développons une vision unique pour ensuite la présenter à différents professionnels qui ont des expériences et un point de vue compatible. On ne fonctionne pas avec une grille de pointage ou avec des critères fixes. Nous créons de véritables partenariats, car l’on croit en la force d’une équipe multidisciplinaire qui, par ses expertises variées, contribuera à bonifier nos idées. C’est la force de l’intelligence collective !

ID/ À partir de quelle étape du projet avez-vous l'habitude d'impliquer l'architecte ?

Très rapidement ! Une des premières étapes dans le développement du projet est l’analyse urbaine. Elle nous permet de saisir avec plus de précisions les impacts du projet au sein de la communauté, du cadre bâti et de l’environnement dans lequel il s’inscrit.

Ensuite, nous allons retenir les services d’une firme d’architecture pour réaliser les plans et devis. À ce stade, nous avons déjà ciblé les principaux objectifs d’un projet et l’apport des professionnels nous permettra de valider et surtout de bonifier l’idée de départ.

Nous travaillons toujours avec des équipes multidisciplinaires. En plus de l’architecte, nous allons rapidement inclure un entrepreneur général autour de la table afin de concevoir des projets qui respectent nos critères financiers… Disons que l’on aime rêver avec une calculatrice sur la table !

ID/ Quelles sont les nouvelles tendances dans le marché de l'habitation neuve que les architectes et designers doivent surveiller ?

Certaines tendances qui émergeaient il y a plus d’un an ont pris plus d’importance pour les acheteurs de copropriété neuve pendant la pandémie. Par exemple, pour notre plus récent projet résidentiel Cité Angus 2, la majorité des 88 unités sont accessibles directement par l’extérieur grâce à un escalier hélicoïdal spectaculaire. L’escalier permet d’accéder aux 6 étages du bâtiment en favorisant la mobilité active. C’est un aspect qui avait été proposé par Ædifica avant la pandémie. On constate maintenant à quel point c’est bien reçu par la clientèle qui y voit à la fois un côté pratique, un symbole fort d’un bâtiment signature, mais surtout une façon de circuler et d’accéder à son logement qui soit plus sécuritaire sur le plan sanitaire.

On a également remarqué l’importance de maximiser les espaces extérieurs privés en proposant des balcons et terrasses surdimensionnés – de 150 à 650 pieds carrés pour chaque unité. Après avoir passé plus d’un an à la maison en raison des exigences du télétravail, plusieurs personnes recherchent plus d’espace avec de la luminosité, des fenêtres qui s’ouvrent facilement et des balcons et des terrasses où l’on peut s’y attabler pour un repas ou pour le travail.

La pandémie a également renforcé le besoin d’avoir des zones d’intimité à l’intérieur des espaces de vie. Les unités de Cité Angus 2 permettent d’adapter l’espace pour un mode de travail qui tend à devenir de plus en plus hybride.

Finalement, on remarque un intérêt marqué pour les projets écologiques à échelle humaine. La qualité du système de chauffage et de ventilation sera davantage considérée comme un atout majeur, les stationnements devront prévoir de plus en plus de rangements pour vélos, des accès à des bornes de recharges électriques et des voitures en autopartage.

Cité Angus 2

CITÉ ANGUS 2, salon

Cité Angus 2, cuisine et salle à manger

Cité Angus 2, cuisine

Cité Angus, salle de bain

ID/ Quels sont les critères privilégiés dans le but de respecter l’architecture du quartier, son environnement et ses résidents ?

De façon générale, la participation en amont des acteurs de la communauté au développement du projet permet de créer un nouvel ensemble immobilier bien intégré et d’y développer des commerces, services et appartements qui répondent aux besoins du secteur. À titre d’exemple, avec le projet résidentiel Cité Angus 1, nous avions vite constaté la faiblesse de l’offre en matière de logement familial abordable (avec 3 ou 4 chambres à coucher) dans le secteur d’Angus. Nous avons donc développé un projet avec la firme Rayside Labossière où plus de 70 % des 120 unités respectaient les critères d’abordabilité de la Ville de Montréal et où plus de 90 % des unités offraient des espaces de vie de plus de 1 100 pi2, sur 2 niveaux.

ID/ Avez-vous un projet en tête dont la collaboration avec l'architecte s'est particulièrement bien passée ? Si oui, lequel et pourquoi ?

Un des projets les plus ambitieux est le Carré Saint-Laurent. Il s’agit du projet immobilier le plus imposant de l’histoire de la SDA qui comprend un musée, une foire alimentaire et 8 étages de bureaux.

En collaboration avec la firme Provencher_Roy, nous avons réussi à construire un édifice écologique de 9 étages qui vise la certification LEED, lauréat du prix Projet Vert. Il est traversé d’une forme diagonale spectaculaire faisant écho à la Place des festivals. La façade du bâtiment intègre des éléments architecturaux du passé tout en s’inscrivant dans la modernité.

L’aménagement de l’intérieur du bâtiment nous a permis d’apporter plusieurs innovations, notamment avec la création du « Central », une foire gourmande unique située au rez-de-chaussée accessible au grand public. Cette foire s’inspire des food halls que l’on retrouve à San Francisco, New York ou Barcelone et reflète l’incroyable offre alimentaire montréalaise. On y propose une mosaïque de 25 restaurateurs réputés, dans une expérience culinaire carrément inédite.

La formidable équipe de Provencher_Roy nous a accompagnés de l’idéation à l’inauguration, et ce, avec rigueur, patience et agilité. Rappelons que le Carré Saint-Laurent a été le fruit de dix années de travail acharné ! Mais les résultats sont là : on a réhabilité ce secteur de la rue Saint-Laurent, au sud de la rue Sainte-Catherine, à Montréal.

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Photo de couverture : Marilou Hudon-Huot, © Guillaume Saumoneau / Cité Angus II