ID / Quel est ton parcours et qu’est-ce qui t’a mené à créer A-S?
SS / J’ai une formation des Beaux-Arts et je payais mes études en faisant de la construction pour la compagnie de mon père. J’ai donc commencé assez jeune à travailler sur les chantiers. À la fin de mes études, je ne savais pas trop où me diriger et c’est là que j’ai pensé à l’architecture qui combinait bien mes aptitudes artistiques et mes connaissances en matière de construction. Aussitôt que j’ai commencé en architecture, j’ai très bien performé parce que je savais dessiner et que je comprenais comment les choses se construisaient. On faisait beaucoup de maquettes à l’université et j’ai tout de suite pris énormément de plaisir à faire ce travail avec les mains. J’ai commencé à me démarquer auprès de certains professeurs qui m’ont donné des contrats pour réaliser des maquettes pendant l’été. C’est un peu comme ça que ça a commencé. Je me suis enregistré un numéro de compagnie et j’ai commencé à faire des maquettes.
Au courant de mes études, j’ai travaillé dans plusieurs bureaux et je leur offrais de faire des maquettes. Ils aimaient ça alors j’ai commencé à en faire de plus en plus. À cette époque, je restais un ou deux ans dans un bureau et après je changeais, parce que c’était une bonne façon de voir les différentes pratiques et de trouver ma voie en tant qu’architecte. À chaque fois que je changeais de bureau, les clients pour qui j’avais travaillé continuaient à m’engager pour faire des maquettes. Je me suis ainsi constitué un bon réseau de clients. Je me suis mis à faire pas mal de contrats on the side pour différents bureaux d’architecture et ça me permettait de mieux gagner ma vie et d’avoir la chance de développer d’autres projets en parallèle. Donc, quand j’ai décidé, il y a quatre ans, de partir ma propre boîte, ça a été naturel de combiner la pratique de conception architecturale à celle de fabrication de maquettes artisanales.
ID / Quels types de projets réalisez-vous?
SS / On fait de tout, tant résidentiel que commercial. La différence entre A-S versus d’autres firmes d’architecture, c’est qu’au lieu de me concentrer sur un seul type de projet, je me suis plutôt concentré à aller chercher un type de client particulier. Quand j’ai décidé de partir le bureau en architecture, j’ai investi 6 mois pour aller rencontrer des gens avec qui je voulais travailler et faire du développement d’affaires. Je me suis concentré sur les clients qui possèdent plusieurs types d’immeubles et de propriétés, donc, ça nous amène à faire un peu de tout.
Par exemple, on a fait plusieurs base building au centre-ville pour un client et maintenant on est en train de faire sa maison aux Bahamas. On a également fait le penthouse de New York de ce même client. C’est important de développer des bonnes relations qui, à long terme, nous permettent de faire plusieurs projets. C’était ça la stratégie pour A-S. On a aussi travaillé sur des projets de restaurants et de bars de Montréal. Parmi eux, on compte le Manitoba, le Sous-Bois, le Foxy, le Ham Bar… Nous avons aussi développé la façade du magasin Lole sur Sainte-Catherine. Nous venons de terminé le projet Bishop Courts sur la rue Bishop, au coin de Maisonneuve. On a également fait des maisons dans les Cantons de l’Est et des résidences étudiantes. On commence maintenant une tour de quinze étages qui va être au centre-ville. Bref, on fait vraiment de tout!
ID / Quelle est votre approche pour la confection des maquettes architecturales?
SS / Nous avons une spécialité architecture pour l’atelier de maquettes et notre particularité est que tout est fait à la main. Quand nous abordons un contrat, le travail n’est pas d’essayer de faire seulement une belle représentation d’un projet mais de concrétiser la vision des concepteurs. Ça demande une certaine réflexion et une bonne connaissance de l’architecture. Quand on assemble des matériaux, par exemple, on essaie de comprendre quelle est l’intention architecturale. Est-ce que c’est d’exprimer de la légèreté, du volume, un côté plus massif? Il y a une lecture et une interprétation qui est à faire du projet, pour bien en saisir les éléments clé. C’est moi qui m’occupe de cette partie, ça comporte des discussions avec le client où on cherche la meilleure stratégie pour orienter la construction de la maquette. Ces échanges en début de mandat sont vraiment stimulants, surtout quand les clients sont des architectes! Souvent, ce que je vais faire est de réaliser des croquis pour montrer aux clients comment je compte m’y prendre pour la construction de la maquette (dimension, matériaux, expression des détails importants, etc). Ça me permet d’identifier les éléments clé du projet et d’établir un plan pour l’élaboration d’un échéancier et d’un estimé de coût.
ID / Pourquoi la maquette est-elle un outil pertinent encore aujourd’hui dans le domaine de l’architecture?
SS / Il y a quelque chose de magique dans une maquette et ce, pour plusieurs raisons. Quand tu fais une maquette à l’échelle urbaine où tu viens implanter un bâtiment et que tu montres sa taille et comment ça s’insère dans le tissu urbain, les alignements, les hauteurs et les vues que ça va générer, c’est super pertinent dans la pratique aujourd’hui. Une image ne peut pas reproduire l’échelle réelle du projet et des autres bâtiments autour parce que veut veut pas, une perspective ou une image 3D peut être manipulée pour que ça ait l’air plus spacieux ou plus grand que ce que c’est réellement.
Il y a quelque chose qui t’instruit sur la nature du projet quand tu construis une maquette. Par exemple, si ça ne tient pas en maquette, ça ne tiendra pas en réalité. Ça met en pratique des notions de base de construction. C’est aussi comme le dessin à la main versus le dessin à l’ordinateur. Il y a un processus de réflexion qui se met en marche quand tu manipules la matière, que tu dessines ou que tu construises un modèle. Cela va te faire questionner sur la meilleure façon de résoudre le projet, comment joindre deux matériaux par exemple. En le faisant, tu peux évoluer et te dire que ça serait plus intéressant de le faire plutôt de cette façon.
La maquette en architecture est vraiment pertinente autant comme un outil de travail pour l’exploration de la forme et le développement d’une volumétrie aboutie que dans la concrétisation du projet où il faut tester si ça va tenir. La maquette est d’autant plus pertinente aujourd’hui parce que, dans les grands projets d’architecture par exemple, ça met vraiment les gens en relation avec l’objet et l’espace à travers une représentation fidèle de la réalité. Pour les étudiants et les professionnels, la maquette est une alliée précieuse pour solutionner le projet dans sa globalité comme dans ses détails.
Crédits photos : Atelier-S