Faire des choix écoresponsables dans le domaine de l’éclairage ne doit pas uniquement prendre en compte la provenance du luminaire, mais également le respect des ressources locales avec lesquelles il a été construit, ainsi que le bien-être humain et une consommation toujours plus judicieuse de l’énergie.
L’architecte ou comment sculpter la lumière naturelle
Que ce soit dans le cadre d’une construction neuve ou d’une rénovation, l’architecte a un rôle premier plan dans la conception des espaces et dans la relation qu’ils entretiennent avec la lumière naturelle. Ce sont les ouvertures que l’architecte perce qui vont guider le projet dans un équilibre sain entre lumière naturelle et artificielle. Si dans le domaine résidentiel, une architecture qui suit l’ensoleillement est plus facile à mettre en place, la configuration de bureaux ou de grands espaces, elle, est pleine de défis.
La rénovation des nouveaux espaces de bureaux du cabinet-conseil Accuracy est un bel exemple du rôle d’importance que joue l’architecte dans un projet. En effet, la firme d’architecture L’Abri s’est investie dès les premières étapes lors de la recherche du nouveau local avec ses clients. Ce qui séduit, ce sont les deux verrières centrales qui inondent de lumière les bureaux.
Le designer de luminaire ou comment faire briller la matière
Si un grand luminaire réussit à nous faire oublier qu’il est l’assemblage d’une ampoule et de son support, nous donnant l’impression que la matière s’illumine d’elle-même, il faut néanmoins prendre en compte ces deux éléments lorsqu’on souhaite réfléchir à la dimension écoresponsable de l’objet.
Si la source lumineuse est du ressort du domaine de l’industrie et de l’ingénierie, une compagnie comme Lambert et Fils développe sa propre technologie à DEL pour recréer durablement la lueur chaleureuse de l’éclairage incandescent, difficilement imité encore à ce jour par les modèles standards.
Si les ampoules DEL sont à ce jour les moins consommatrices d’énergie par rapport aux ampoules fluocompactes, halogènes et surtout incandescentes, leur recyclabilité est complexe du aux nombreux éléments qui la composent, et notamment quelques microgrammes d’or, d’argent, de cuivre, de bismuth, d’étain et de terres rares du luminophore qui constituent la puce. Au nombre de milliards d’ampoules produites dans le monde chaque année, ces quelques microgrammes pèsent lourd.
Devant la difficulté de recycler à 100% les ampoules, et parce que tout au long de sa vie un luminaire va consommer de l’énergie, c’est au niveau de la conception de la lampe que le designer de luminaire peut avoir un impact respectueux sur l’environnement.
L'usage de matériaux neufs pose problème à long terme, car il puise toujours plus dans les ressources mondiales qui s’épuisent, contribuant ainsi à la pollution lors de leur extraction. Pour exemple, il faut environ de quatre à cinq tonnes de bauxite pour obtenir deux tonnes d’alumine, qui permettront de produire une tonne d’aluminium. Si le Québec est connu pour ses nombreuses alumineries, la bauxite est une roche que l’on ne trouve pas au Canada, mais qui provient d'Afrique, d'Amérique latine et d'Australie entre autres. Il est donc préférable d’opter pour des matériaux recyclés plus que ceux de première fusion. Le choix le plus écoresponsable reste un luminaire dont la production n’a consommé que très peu, voire pas d’énergie.
Chef de file de luminaires contemporains issus de la récupération, Studio Botté collabore régulièrement avec des architectes et des designers qui souhaitent intégrer le principe de circularité à leur pratique.
Sa dernière collaboration avec l’Atelier L’Abri a donné naissance à quatre gammes de luminaires pour la brasserie le Relais Boréale à Montréal. Studio Botté a donné une seconde vie à des globes trônant autrefois sur des lampadaires urbains et qui s’apprêtaient à finir à l’enfouissement.
Studio Knowhow a profité de l’expertise de Studio Botté pour donner vie à son projet : transformer d’anciens tabourets de la compagnie québécoise Amisco en une gamme de luminaires. Un brillant détournement qui lui a valu le premier prix de la compétition internationale LAMP 2021 dans la catégorie Professionnel.
Mathieu Leclerc, designer et fondateur de Studio Knowhow, est aussi à la tête de Full Room Design, sa compagnie avec laquelle il déniche et restaure du mobilier design. Une belle façon de remettre dans la boucle des pièces de collection oubliées et de réutiliser au lieu de produire.
Pour certains designers, l’écoresponsabilité sonne avec compostabilité : des luminaires qui retournent à la terre à la fin de leur vie, comme ceux en mycélium de la designer américaine Danielle Trofe. Au Québec, Lucie Leroux, designer et fondatrice de Laboratoire Textile, conçoit des lampes en papier, tout comme le duo d'artistes visuels Jasna Sokolovic et Noël O’Connell plus connus sous le nom de Dear Human.
Le designer d’intérieur, ou l’art des choix éclairés
Conscient de l’empreinte écologique de ses choix, le designer d’intérieur met en place des stratégies d’éclairage responsables et guide ses clients dans des choix de luminaires respectueux des ressources. Dépendamment du contexte (résidentiel, commercial ou institutionnel) et des usages, plusieurs stratégies permettent de réduire la consommation d’énergie, notamment les systèmes de détection s’allumant au bon moment, et les systèmes de gradation, qui en plus de créer une ambiance, offrent la possibilité d’adapter la puissance de l’éclairage et d’économiser en énergie.
Photo de couverture par Maxime Brouillet / Résidence Butternut par Maison Volum et Maurice Martel Architecte.
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Pour aller plus loin
Deux-journées-conférences cet autome et cet hiver:
RDV/ Index-Design : Éclairage commercial, résidentiel et urbain, le 30 novembre 2022.
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- Conférences de 9h à 16h à la SAT (Socitété des arts technologiques, Montréal)
- Cocktail réseautage présenté par EDP | 16h à 18h
- Les conférences et conversations seront animés par Thomas Leblanc, animateur et chroniqueur
RDV/ Index-Design : Écodesign - Le designer engagé, le 15 février 2023 à la SAT à Montréal.