ID / Quel est le projet qui vous inspire le plus en matière d’agriculture urbaine et de design à Montréal ou à l’étranger ? Pourquoi ce projet ?
M.R.C / Les exemples d’une véritable intégration entre l’architecture et l’agriculture ne sont pas nombreux à Montréal. Les beaux exemples d’agriculture urbaine, je les vois quand je m’aventure dans les ruelles de Montréal et je vois la quantité de jardins et de potagers que les Montréalais aiment entretenir et cultiver. Il faut donc faire une distinction entre l’agriculture urbaine, qui existe déjà sous cette forme, et la création d’une nouvelle architecture « agricole » en milieu urbain.
Il existe des initiatives intéressantes qui ont vu le jour dernièrement, comme les serres des fermes LUFA et le nouveau projet d’épicerie IGA à Ville Saint-Laurent qui est couvert d’une toiture productive de 25 000 pieds carrés. Il s’agit de précédents importants qui prouvent aux architectes et à leurs clients que la végétalisation des bâtiments n’est pas seulement une dépense supplémentaire, mais peut aussi se transformer en opportunité d’affaires.
L’engouement actuel envers l’agriculture urbaine est dû à la prise de conscience grandissante de la population face aux problèmes éthiques liés à la production industrielle de nos aliments. Les répercussions négatives, pour ne pas dire désastreuses, de ce modèle sur notre écosystème et notre santé sont beaucoup trop nombreuses. Pour les gens dans notre domaine, cette constatation devrait être source d’inspiration. C’est tout un défi créatif. Comment dessiner des bâtiments, des infrastructures et des villes en repensant complètement notre manière de produire, distribuer et consommer nos aliments ?
Pour créer un véritable système alternatif, notre société va devoir changer sa mentalité et rétablir une nouvelle connexion avec la nature. En ce sens, si j’avais à citer un projet qui a attiré mon attention dernièrement, ce serait les Villages ReGen conçus par la firme danoise Effekt. L’approche est globale, ils ne s’attaquent pas seulement à un bâtiment, ils créent un quartier complètement écologique. Les bâtiments et les serres produisent de l’énergie et des aliments, gèrent l’eau et traitent les déchets. Le tout fonctionne comme un écosystème naturel, régénératif et autonome.
Finalement, s’il y a des projets qui m’inspirent plus que les autres, ce sont les projets bâtis par les civilisations anciennes. Mais j’aurais la chance de vous en parler pendant la conférence!
Le 14 septembre prochain, Manuel R. Cisneros, en binome avec Antoine Trottier, donnera une conférence sur l'agriculture urbaine et le design dans le cadre du Circuit Index-Design, en collaboration avec Ciot, Humanscale et Kohler. Pour s'inscrire gratuitement à la conférence, c'est par ici!
Photos : Villages ReGen par Effekt