ID / Cette année souligne la 18e deuxième édition du SOUK, ainsi que la deuxième année de SOUK HABITAT. À quoi ressemblera cette édition ?
Cette année, le SOUK se divise en deux espaces. Nous sommes de retour avec la foire annuelle qui se déroule à la mezzanine de la Place Ville Marie. Puis, l’espace expérientiel nommé SOUK HABITAT au 20e étage du même bâtiment. Pour cette édition, le jury a choisi 66 designers. Nous sommes vraiment très excités d’être de retour en présentiel versus l’an passé où nous avons dû opter pour une foire virtuelle. Les 66 designers seront sur place du 1er au 5 décembre et, comme d’habitude, ils présenteront les produits qui ont été sélectionnés par le jury.
Le 20e étage, quant à lui, présente les œuvres de designers locaux dans un contexte résidentiel. La curation de l’espace est un travail commun entre les designers et moi-même. Un petit espace, nommé la boutique express, a également été ajouté pour celles et ceux qui cherchent des cadeaux pour les fêtes.
En plus de la foire et l’espace expérientiel, SOUK #18 offre deux autres espaces, dont l’espace apéro et le coin enfants. Situé à l’entrée, le coin apéro permet aux visiteurs de se détendre. La scénographie est signée Élément de base, la nourriture est faite par rhubarbe, le café vient de Pista et le vin provient d’importation privée. C’était vraiment important pour nous d’être le plus local possible dans cet espace.
Finalement, il y a un coin pour les enfants, car je veux vraiment rendre le SOUK accessible à tous et je crois qu’il est essentiel de valoriser l’achat local dès un jeune âge.
ID/ Installé au 20e étage de l’iconique Place Ville Marie, le SOUK HABITAT offre une expérience de magasinage intime et unique. D’où est venue l’idée de créer cet espace ?
C’est un projet que j’ai toujours eu envie de faire, mais la pandémie m’a enfin permis de le réaliser. Quand j’ai lancé le SOUK en 2003 à la SAT, l’idée était de concevoir l’espace comme un appartement. J’avais placé les objets dans un certain contexte de vie, comme on le fait dans une maison, mais les gens croyaient que les objets faisaient partie du décor de la SAT. J’ai dû réorganiser l’espace en divisant les objets par designers, c’est donc ainsi qu’est née la foire.
Avec le temps, j’ai toujours voulu refaire ce projet d’appartement. Je l’ai fait à travers des projets personnels, mais ces projets n’ont jamais eu la même ampleur que celui avec Ivanhoé Cambridge.
L’idée de la Place Ville Marie est venue après des années de discussion avec Ivanhoé Cambridge. Je voulais un espace à bonne hauteur, pas trop haut, ni trop bas. L’objectif n’était pas d’avoir la vue sur la ville, mais bien de se sentir en communion avec celle-ci. Le 20e étage est parfait pour ça !
ID/ Comment sélectionnez-vous les exposants de la foire ?
Nous lançons un appel de projets auquel les designers doivent postuler. Ensuite, je demande au jury de choisir en fonction de la créativité, de la démarche artistique et de l’originalité. Nous cherchons vraiment à retrouver une signature personnelle à travers ce qui nous est présenté. Il est tout à fait normal d’avoir des inspirations, mais il ne faut surtout pas que ce soit des copies. Notre clientèle est très alerte à ces petits détails. La sélection doit être pertinente, et elle doit résonner sur ce qui est actuel.
Renouvelé chaque année, le jury doit être diversifié, non seulement en fonction de la parité hommes-femmes, mais aussi selon leurs expertises. Nous avons donc des architectes, des designers d’intérieurs, des designers graphiques, des gens du milieu alimentaire et autres.
ID/ Les gens comprennent de plus en plus l’urgence d’acheter localement, mais ce n’était pas nécessairement le cas il y a 18 ans. Avez-vous perçu ceci comme un défi supplémentaire ?
Il faut créer des outils pour guider les gens. Si un individu veut acheter local, mais que personne ne lui dit où aller, c’est certain qu’il risque de se sentir perdu. Je vois ça comme un travail collectif. C’est au designer de bien communiquer sa présence, c’est aux médias de partager l’information et c’est à ceux qui possèdent des plateformes de s’assurer que les designers locaux sont facilement trouvables.
Il y a 18 ans, quand on a commencé, la majorité des gens n’avaient pas l’habitude de chercher et de se créer son propre répertoire. C’est venu graduellement avec les années et maintenant cela fait partie de leur quotidien.
ID/ Quel serait votre plus grand rêve pour le futur du SOUK ?
Ouvrir un espace à la Place Ville Marie a été toute une expérience. Ensuite, c’est difficile de prédire ce qui va se passer, puisque j’ai toujours tellement de projets dans la tête. La pandémie a certainement été un bon temps de réflexion et de réalisation. Les gens sont de plus en plus portés vers l’achat local, mais mon rêve c'est que ce ne soit pas seulement dans le temps des fêtes. J'aimerais que cela devienne une habitude tout au long de l'année. J’espère que cela puisse faire partie du langage de tous les jours des gens.
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