C’est avec modestie devant le paysage grandiose que les architectes ont approché le projet.
«Tous les arbres matures sur place ont été conservés. C’est à partir des éléments existants du site et des points de vue que nous avons débuté le travail», explique l’architecte Loukas Yiacouvakis, cofondateur de yh2. «La mise en scène du site est particulièrement aboutie. Nous avons beaucoup travaillé à cadrer les vues pour que les convives se sentent au coeur de paysages gigantesques et magnifiques.»
Technique architecturale traditionnelle modernisée
«Nous souhaitions réactualiser certaines techniques relativement anciennes.» -Loukas Yiacouvakis
Les architectes ont mené un voyage dans l’Himalaya indien afin d’y étudier l’architecture de montagne traditionnelle. Cette architecture adaptée à la topographie et tirant parti des ressources du lieu sert de base au projet.
La technique de construction himalayenne nommée Kath-Kuni qui intègrent des murs de pierre et des poutres de cèdre en porte-à- faux est réinterprétée avec des poutres d’acier, comme les poutres de cèdre sont maintenant interdites d’exploitation dans l’Himalaya.
Paysage escarpé et calme plat
Les routes pour se rendre au complexe ondulent dans la montagne, ce qui représente un défi au niveau du transport et de la construction qui s’est réalisée sans machinerie lourde. Le chemin sinueux se poursuit à travers le site. Le cordon de gravier clair serpente à l’image du Gange sur le territoire.
«L’environnement est très reposant. On est loin en montagne, dans un silence naturel. Comme les routes sont situées au-dessus du site et que seules des voitures électriques circulent dans l'environnement immédiat, le calme règne et on se sent en harmonie avec la nature», dit Loukas Yiacouvakis.
Le complexe comprend un hôtel, un spa et une série de villas sur une superficie de 150 000 pi2. Il s’inspire des villages traditionnels himalayens organisés autour du Darbargadh: palais et temple emmurés. Le bâtiment de l'hôtel domine la vallée et offre une place centrale autour de laquelle s’articulent différents services: réception, restaurant, bar, boutique et bibliothèque.
«Le plus grand défi était la nature du site qui comprend une pente extrêmement importante. Nous avons dû travailler en plateaux, à la manière des constructions traditionnelles. Il y avait deux plateaux existants, un où sont situés le spa et le pavillon de yoga, l’autre pour le bâtiment principal. Les autres ont été construits», indique Loukas Yiacouvakis.
Les villas se déclinent en une kyrielle de pavillons sur une succession de plateaux aménagés à même la montagne. Cette stratification du site en paliers offre à chaque villa une vue privée sur le panorama. Pavillons de yoga, spa, piscine et restaurant s'enchaînent ensuite jusqu’aux rives du fleuve.
Matières et motifs himalayens
Le projet tire parti des matières locales comme les pierres de rivière pour les murs de soutènement des différents plateaux et les bâtiments.
«Les rivières n’existent qu’à la saison de la mousson. Le reste de l’année, elles sont complètement sèches. Les pierres ont été récupérées en fond de la rivière pendant la saison sèche», ajoute l’architecte.
Les plaques d’ardoise aux planchers sont entrecoupées de motifs anguleux typiquement himalayens.
«Notre recherche ethnographique sur l’architecture himalayenne indienne nous a amenés très loin du motif organique typiquement indien», explique Loukas Yiacouvakis quant au choix des ornements au sol. «Nous avons découvert des formes plus géométriques qui feraient penser à l’art aztèque. L'escalier est un motif qu’on retrouve beaucoup dans les villages himalayens. À même les sites, on le retrouve tracé dans la montagne, et il se traduit ensuite en motif ornemental.»
Crédits photos: Maxime Brouillet