« L’installation scénographique et les œuvres présentées au sein de Surexposition offrent humblement des premières pistes de réflexion quant au projet plus large de récupération des globes issus du remplacement des lampadaires de rue de la Ville de Montréal. Nous estimons qu’environ 30 000 globes pourront encore être détournés de l’enfouissement par Mine urbaine et Studio Botté, dans les prochaines années, et que l’engagement de la communauté créative, de la politique municipale, et des citoyens sera nécessaire pour trouver des solutions durables à cet enjeu de taille. », explique Marie-Pier Gauthier-Manes, designer de l’environnement, artiste et commissaire de l’exposition.
L’exposition présente le travail du designer-surcycleur Philippe Charlebois-Gomez de studio botté qui a été invité à concevoir des séries de luminaires avec les globes.
« De sa forme sphérique prédéterminée et de sa matière translucide ont découlé beaucoup de questionnements et d’idées. Comment réagirait-elle à la chaleur ? Serait-il intéressant de la chauffer à la flamme ou de l’enfourner, et peut-être de se servir de sa nouvelle plasticité pour y déposer des textures ? Après plusieurs essais, un résultat agréable à l’œil, des formes organiques, opaques, aux couleurs crémeuses, j’ai trouvé mon filon d’inspiration. Pourtant, il y avait un petit défi pour un concepteur ayant été formé en design industriel puisque les pastilles cuites réagissaient aléatoirement. », partage Philippe Charlebois-Gomez.
En plus des prototypes de luminaires créés exclusivement pour Surexposition, studio botté y présente sa nouvelle collection de lampes, Faro, qui redonnent vie aux globes.
« Faro — issue de farola, signifiant réverbère en espagnol — préserve l’intégrité de la forme nostalgique du globe tout en renouvelant son charme. C’est une façon pour moi de proposer un morceau iconique de Montréal parmi les créations signatures de studio botté. », explique Philippe.
L’artiste, designer et commissaire de l’exposition Marie-Pier Gauthier-Manes (Studio Moodswings) a assuré la conception d’une installation lumineuse immersive à partir des globes fournis par Mine urbaine.
« Avec cette installation physique et lumineuse, quasi scientifique, le visiteur est invité à se projeter dans l’ambiance perdue de la ville et à comparer ses souvenirs, se rappelant ce que ces globes ont éclairé, se demandant ce qu’ils n’éclaireront plus et ce qu’ils pourraient éclairer de nouveau. », décrit Marie-Pier.
La commissaire a souhaité, dès le début du projet, s’associer avec l’organisme Mine urbaine qui a pour mission de récupérer des matériaux seconde main et de les offrir à la communauté créative locale. Au printemps dernier, Mine urbaine a réussi à mettre en place, avec l’autorisation de la Ville de Montréal, un système de récupération des globes d’acrylique, permettant d’offrir à la communauté créative cette ressource matérielle, la détournant ainsi du dépotoir. Il s’agit du premier partenariat du genre pour la municipalité et marque ainsi un tournant écologique important.
« Cette collaboration innovante entre les milieux des arts et du design, ainsi que l’initiative d’un organisme à vocation sociale et environnementale a été créée afin d’engendrer une réflexion collective quant aux manières d’utiliser les objets en fin de vie. L’exposition entend sensibiliser les publics aux enjeux environnementaux entourant le cycle de vie des objets et affirmer le potentiel esthétique, fonctionnel et créatif du déchet lorsqu’il est intégré à des pratiques artistiques et de design. », explique Marie-Pier Gauthier-Manes, designer de l’environnement, artiste et commissaire de l’exposition.
La valorisation des globes d’acrylique représente aussi l’opportunité de souligner le 55e anniversaire de l’Exposition universelle de 1967 par la mise en valeur d’un élément important du patrimoine mobilier montréalais issu de l’époque. En effet, présents dans le quotidien des citoyens de Montréal depuis les années 1960, ces globes installés sur des centaines de milliers de lampadaires sont caractéristiques de la signature graphique et esthétique de la métropole.
SUREXPOSITION est présentée jusqu’au 19 mars 2023 au Livart, 3980 rue Saint-Denis à Montréal.
Pour aller plus loin...
Un projet de L'abri qui met de l'avant le réemploi des globes: le projet Relais Boréale.