Le nouveau bâtiment de 29 160 m2 prendra place dans un quadrilatère caractérisé par un fort dénivelé de neuf à dix mètres, délimité par le boulevard René-Lévesque Ouest, la côte du Beaver Hall, et les rues De La Gauchetière et Saint-Alexandre. D’importance historique, le terrain a été considéré de façon globale avant de concevoir le projet. Certaines contraintes, comme la limite de hauteur constructible calquée sur l’église, ont également orienté le concept.
«Le projet s’est développé comme un dialogue avec la basilique Saint-Patrick, et des contrastes sont nés de ce dialogue. Notamment, un contraste entre la matérialité existante de la basilique et celle du nouveau bâtiment. Les matériaux et les formes du nouvel édifice ont été pensés de manière à ne pas compétitionner avec l’existant, mais plutôt à miroiter et se fondre dans le site. La légèreté des matériaux choisis, par rapport à ceux de l’église, permet également de marquer le temps avec une facture contemporaine», dit Anne Rouaud, architecte de la firme Provencher_Roy.
Le projet prendra racine sur les vestiges du refuge St-Bridget qui accueillait les immigrants irlandais pendant le XIXe siècle. Afin de commémorer symboliquement cet établissement historique dont il demeurait quelques pierres des fondations affleurant le sol, la reconstruction partielle de murets du refuge sera réalisée à l’entrée extérieure de l’édifice, complétée par un marquage noir au sol de la terrasse et de la cafétéria montrant l’emplacement des anciennes fondations.
La lumière et la collaboration comme ADN
Afin de faire de ce nouveau milieu universitaire un espace collaboratif et créatif, plusieurs stratégies ont été mises en place. Notamment, les corridors sont parsemés d’aires de détente et d’espaces informels de collaboration. «La circulation a été pensée par l’extérieur. Les passages sont aménagés tout autour du bâtiment le long des façades extérieures, ajoute Gerardo Perez, urbaniste associé de la firme Provencher_Roy. Une grande perméabilité à la lumière naturelle a été pensée pour tout le bâtiment et des terrasses invitantes seront aménagées aux étages.»
La lumière naturelle fait partie de l’ADN du bâtiment. Afin de la faire pénétrer jusqu’au centre, une petite cour-jardin minérale comprenant des arbres, de la végétation et des bancs, a été imaginée. Une oeuvre d’art blanche toute en reliefs intitulée Mappemonde, de Nicolas Baier, sera appliquée sur le mur mitoyen de la cour.
Un peu plus loin, Théâtralité contextuelle, de Ludovic Boney, une oeuvre 3D occupera l’espace près de l’entrée sur le boulevard René-Lévesque. Ce grand volume qui s’étale sur toute la hauteur du bâtiment est éclairé naturellement grâce à un puits de lumière.
Renforcé par la présence des deux oeuvres contemporaines, le coeur du bâtiment est formé du croisement entre deux axes principaux qui orientent un réseau de circulation intérieur et favorise le dynamisme de l’établissement. Un premier axe est tracé entre la rue De La Gauchetière et le boulevard René-Lévesque. Un second, perpendiculaire au précédent, relie la côte du Beaver Hall et le parvis de la basilique, connectant ainsi deux univers distincts : la ville énergique et le jardin paisible.
La première pelletée de terre a eu lieu en octobre 2019. Le nouvel édifice, qui vise une certification LEED Or, propose un modèle d’école axé sur la collaboration entre les entreprises et le milieu universitaire, un édifice au carrefour de la tradition et de la modernité, intégré dans son contexte et son quartier.
Crédits photos : Provencher_Roy