À première vue, la résidence a l'apparence d'un modeste chalet à l'allure contemporaine. Pourtant, la demeure est en fait constitué de quatre vastes modules, elle se compose de multiples façades décalées, en plus de posséder une vaste fenestration. Les propriétaires peuvent également profiter d'une piscine creusée et d'un garage-atelier. « L’ensemble rappelle un plan de ferme avec sa cour centrale et ses bâtiments », explique Laurent Guez.
Au niveau du choix des matériaux, les contrastes sont à l'honneur. Le bois, le béton, la tôle ondulée ou striée, le métal industriel se côtoient à travers une architecture misant sur une succession de volumes et de perspectives.
Le parcours de découvertes imaginé par l'architecte se retrouve également dans les espaces intérieurs de la résidence. Le positionnement des fenêtres, qui permet d’entrevoir entre les différents modules, l’ajout d’une passerelle, la lumière pénétrant par les plafonds percés ainsi qu’une quantité minimale de portes appuient cette approche. « J’ai voulu créer un lieu de vie spacieux et discret où chaque pièce affirme son caractère et encourage une interconnexion, forte et intuitive », précise Laurent Guez.
Lorsque l'occupant traverse le walk-in puis la salle de bain, il arrive alors à la chambre principale, un procédé « qui repense les codes au profit de l’expérience », selon le concepteur. Autres pièces revisitées, les chambres d’amis qui font office d'espaces de vie non permanents. Ces dernières sont exemptes de rangements afin de privilégier le regard sur l’extérieur. De différentes hauteurs les unes par rapport aux autres, les portes ne suivent pas toutes le même code quant à leur dimension, une idée qui amène dynamisme et originalité.
Une cuisine unique en son genre
Dans la cuisine, un aménagement sans placards permet de donner la vedette aux deux îlots fonctionnels, comme si l’on se retrouvait dans un espace de restaurant. Ce choix met aussi en valeur la batterie de cuisine, les livres, les épices et les aliments rangés dans des casiers de bois. Un aménagement qui, selon l'architecte, invite au jeu et à l’exploration culinaire. Disposée à l’une des extrémités de la résidence, la cuisine entièrement vitrée permet aux résidents de contempler la terrasse, le jardin et, au loin, la nature environnante. Cette proposition favorise la sensation « d’être à la fois à l’écart et dans l’action », fait remarquer Laurent Guez, qui a déployé sa vision en collaboration avec l’architecte Guillaume Kukucka.
Quand l'architecte Laurent Guez décrit le projet singulier à son entourage, il s'exclame : « Pensez à un hangar à cochons! ». Une comparaison assurément cocasse, mais qui illustre justement le côté à la fois brut et ludique de l'aménagement. Par exemple, l’utilisation de revêtements habituellement apposés à l’extérieur pour l’intérieur, comme la tôle ondulée ou profilée, vient briser les repères. « On retrouve ce même effet en camping, où l’on a la sensation d’être intégré à la nature tout en étant protégé », explique l'architecte.
Avec l’équipe montréalaise de Tux, qui dessert également une clientèle américaine et européenne, Laurent Guez envisage d’appliquer les principes et la démarche créative du Chalet Abercorn à des projets de résidences, d’hôtellerie et de loisirs.
Voyez Laurent Guez en conférence à la SAT, le 17 avril prochain, lors du Rendez-Vous Index-Design : la cuisine de demain.
Photos : Maxime Brouillet