La proximité avec la rive obligeait les architectes à agrandir principalement en hauteur. Seule une pièce moustiquaire a été ajoutée au niveau du sol.
«Nous avons pris le parti de garder l’expression du toit [en pente à large débord]. On voit encore l’ancienne corniche et on peut lire le profil d’origine jusqu’à la nouvelle pièce moustiquaire qui poursuit aussi la forme», indique Paul Bernier, architecte fondateur.
«C’est de montrer une marque de respect au bâtiment, que de ne pas le copier» -Paul Bernier.
Ce qui caractérise la rencontre réussie entre deux époques selon Paul Bernier est le respect de l’existant. «Je trouve que c’est de montrer une marque de respect au bâtiment, que de ne pas le copier», dit-il. «On peut proposer un ajout distinctif tout en préservant un espace entre les deux entités, avec un recul ou une passerelle vitrée, pour leur permettre à toutes les deux de s’exprimer. On veut pouvoir lire clairement l’ancienne maison. C’est le résultat de ce nouveau voisinage qui est intéressant.»
Grâce au recul du volume supérieur résolument contemporain, le chalet de rondins dont la coquille n’a pas été changée demeure pleinement saisissable au premier plan. Avec une intervention contemporaine minimale, le bois rond est passé du brun foncé au noir; teinte qui a été reprise pour l’étage supérieur et la pièce moustiquaire.
Réinterpréter un langage architectural
À l’origine, le chalet présentait plusieurs pentes de toit différentes. La nouvelle structure propose à nouveau plusieurs jeux de pente, sans reproduire exactement le même langage architectural. «La rencontre réussie ne tient pas juste d’un copier-coller, mais d’une harmonie d’ensemble», confirme Paul Bernier.
Certains bâtiments se prêtent particulièrement bien à cet exercice de métissage. Le chalet à l’aspect globalement typique des cabanes en rondins possédait à l’origine un certain mélange de genres, une volonté de modernisme, avec des éléments comme les fenêtres inclinées, caractéristiques des années 50 à 70.
«Le chalet se prêtait bien à la continuité vers une certaine hybridation», ajoute l’architecte. «Les propriétaires souhaitaient une intervention contemporaine. Ils désiraient voir un contraste entre la structure d’origine et l’ajout. L’objectif était de ne pas faire semblant que l’ajout avait toujours été là, mais plutôt de lire clairement les époques d’intervention, tout en trouvant un fil conducteur.»
Rechercher l’équilibre et la lumière
L’éclectisme des styles est balancé par la recherche d’équilibre entre le poids visuel et spatial de chaque élément. Un escalier minimaliste, économe d’espace et sobre visuellement, côtoie ainsi harmonieusement la pierre massive et les références à différentes époques. L’architecte explique qu’un dialogue se compose entre les éléments architecturaux et enrichit l’espace.
Les ouvertures sont minutieusement choisies. Une grande fente verticale du côté est, à l’emplacement de l’escalier, filtre les rayons matinaux jusqu’au rez-de-chaussée à travers les marches et un plancher de verre translucide. La pièce moustiquaire côté sud possède 2 puits de lumière insérés discrètement dans la structure.
Les surfaces claires maximisent la lumière et s’arriment avec la pierre naturelle d’origine. «Avec le travail harmonieux entre le bois et la pierre en ton sur ton, on peut se demander ce qui était et ce qui est nouveau», ajoute Paul Bernier.
La fondation de pierre ancrée sur le cap de roc demeure apparente et contribue à intégrer le chalet à son environnement naturel. Les architectes ont amélioré la relation entre l’intérieur et l’extérieur en mettant en valeur les matériaux nobles présents, parfois dissimulés. La cheminée qui était recouverte de gypse est restaurée et maintenant visible de tous les côtés.
Pour préserver le plafond cathédrale, l’ancien toit a été remplacé par une structure de sapin Douglas reprenant la pente et supportant le nouvel étage. Au rez-de-chaussée, la charpente est visible, à la manière typique des maisons campagnardes. À l’étage, l’esthétique contemporaine est marquée notamment par le plafond couvert. L’espace est épuré. Un foyer suspendu contraste avec la cheminée de pierres massives au rez-de-chaussée.
La chambre principale apparaît comme un poste d’observation sur l’horizon. «L’étage offre une expérience complètement différente du rez-de-chaussée», affirme l’architecte. Les fenêtres hautes et l’absence de débord de toit offrent une vue complètement dégagée. La pièce semble s’avancer sur le lac à la manière d’un bateau.
Petit Index des produits et références design
- Escalier, collaboration avec Atelier du bois David Gilbert
- Cuisine, Cuisines Steam en collaboration avec Marie-Christine Sirois
- Styliste pour mobilier intégré, meubles et accessoires, Marie-Christine Sirois
- Entrepreneur général, Construction Léonald Goyette
- Ingénieur en structure, Alain Mousseau (Calculatec)
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Crédits photos: Raphaël Thibodeau