La maison Orford

La maison Orford

Cette habitation unifamiliale conçue par Thellend Fortin Architectes s’implante au cœur des Cantons-de-l’Est, à proximité immédiate du parc national du Mont-Orford. 

Voisine de quelques constructions résidentielles hétéroclites, la demeure est immergée dans les reliefs montagneux, où érables et sapins s’étendent à perte de vue. Tirant pleinement parti de ce cadre exceptionnel, elle offre à ses habitants un spectacle évoluant au fil des saisons, des couleurs flamboyantes de l’automne au réveil verdoyant du printemps.

Le couple possède le terrain depuis plus de 5 ans quand il fait appel à Thellend Fortin Architectes pour la réalisation de sa résidence secondaire. Une ancienne bâtisse occupe alors les lieux, mais ne convient plus aux besoins de la famille. Parents et enfants restent toutefois attachés à ce coin de paradis, où ils partagent de nombreux souvenirs et passe-temps.

Nature luxuriante, vue imprenable sur la montagne, activités culturelles et physiques à portée de main : il est hors de question pour eux de quitter les lieux. Décision est alors prise de démolir l’ancien pour reconstruire sur ses traces.

Plusieurs esquisses se succèderont entre les premières discussions et l’emménagement des propriétaires, pour voir se réaliser un projet qui répond à leurs besoins – soit disposer d’un endroit privilégié, où famille et amis se retrouveront au plus près de la nature. Partant du concept que tout est déjà présent sur le site, et que rien n’est à ajouter, les architectes se confronteront à plusieurs défis au cours du processus de conception, parmi lesquels :

  • la définition d’une écriture architecturale mêlant la vision traditionnelle des clients aux lignes rationnelles de l’architecture contemporaine; 
  • la création d’un lien entre le terrain surélevé et la chaussée située en contrebas; 
  •  la préservation de l’intimité familiale vis-à-vis des voisins les plus proches, tout en assurant une connexion maximale au paysage lointain.

Un travail d’ensemble a été mené sur les trois volets de l’architecture, du design intérieur et du paysage afin de définir un langage cohérent, combinant l’atmosphère « chaleureuse et chic » souhaitée par les propriétaires et l’approche fonctionnelle de l’architecture contemporaine. Toiture à double versant, bardage de bois et revêtement métallique assimilé au zinc reprennent les codes du vocabulaire vernaculaire, en référence au patrimoine bâti de la province. 

La géométrie élémentaire du projet est animée d’un jeu de pleins et de vides, d’avancées et de retraits, alternant des zones plus protégées et des zones plus dégagées. La verticalité dominante est soulignée par le rythme des lattes de bois et des ouvertures de la façade, et contrebalancée par une série de gestes horizontaux – projection des marquises et de la galerie périphérique notamment. Associé à ces éléments, le barreaudage serré des garde-corps élève le regard vers le paysage lointain.

La topographie du site est mise à profit afin de dessiner une promenade serpentant en pente douce entre les arbres. Cette promenade mène de la voie publique au terrain privé pour desservir la résidence et son pavillon de jardin (incluant salon d’été et piscine extérieure), avant de s’élever pour entourer le corps de bâtiment principal. Le souhait des clients de disposer d’une entrée « majestueuse » au bas étage prend la forme d’une double hauteur au sein du hall d’accueil. Cette double hauteur, associée à un passage sous la terrasse surplombant, marque le contraste entre l’extérieur et l’intérieur, la sensation d’être blotti dans la forêt et celle d’être attiré vers le ciel.

Au sein de la résidence, rez-de-jardin, rez-de-chaussée et bel étage se succèdent, en analogie à la composition tripartite des boisés. Le rez-de-jardin ancre la maison dans le sol comme les racines d’un arbre. Il accueille ses occupants au sein d’un espace confiné, où les pièces sont cloisonnées une à une.

Le rez-de-chaussée est le plus libre et le plus dégagé. Les espaces de vie s’y déploient entre les pièces de mobilier, évoquant l’idée d’une balade en forêt. Tous les chemins sont possibles, le regard glisse sans s’arrêter, les vues se multiplient de toutes parts.

Le dernier étage, le plus privé, se love dans la canopée. Les chambres sont desservies par une mezzanine donnant sur la salle à manger. Elles offrent chacune un cadrage vers un paysage tout en nuances, comme autant de nids cachés dans les feuillages.

Un escalier sculptural en métal relie les trois étages en un seul mouvement fluide, évoquant celui d’une feuille de papier plié. La diagonale qu’il dessine, unique au sein du projet, en fait un moment fort de l’expérience spatiale vécue par l’usager.

Des finitions spécifiques appuient subtilement le contraste entre l’intérieur et l’extérieur à partir d’une palette de matériaux sommaire. À l’extérieur, panneaux de métal, bardage de bois et dalle de béton présentent un aspect brut et un fini mat.

À l’intérieur, des surfaces réfléchissantes telles que béton ciré, menuiseries vernies, marbre poli et parois vitrées maximisent la lumière naturelle. Des teintes sobres et claires, allant du blanc au dégradé de gris, s’associent à la chaleur naturelle des planchers, plafonds et châssis en bois de chêne. 

La majorité des mobiliers tels que plans de travail et rangements sont intégrés au projet d’architecture, dans un souci constant de cohérence et de simplicité. Les éléments techniques tels que chauffage et luminaires sont dissimulés derrière les revêtements muraux et les faux plafonds, les premiers combinés à un système de planchers chauffants. 

L’approche environnementale privilégie des solutions logiques et rationnelles, en accord avec l’esprit du projet et de son contexte. L’implantation de la nouvelle construction sur les fondations de l’ancienne assure un impact minimal sur le site. La conservation des éléments existants est mise au service du projet, les aménagements paysagers enrichis par la présence d’arbres matures, et la topographie mise à contribution dans le séquençage des espaces. La compacité du bâtiment permet de maximiser les gains énergétiques malgré de grandes superficies. 

L’ensemble de ces dispositifs, combinés à une proposition architecturale et paysagère juste et sans fioritures, assure la pérennité du bâti, sans impliquer le déploiement de technologies hors d’échelle. Cohérente de bout en bout, pensée dans tous ses aspects depuis son intégration à l’immensité paysagère jusqu’au plus petit détail de quincaillerie, la maison Orford veille au confort de ses habitants dans le plus grand respect de la nature.

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Crédit photo : Charles Lanteigne