Jean-François Gagnon, architecte concepteur du Centre, explique ainsi la genèse du projet : « Ça a commencé avec un projet référence fait un an ou deux avant le mandat. Il prenait la forme d’un garage conventionnel hors-sol répondant aux usages de la STM. Étant donnée sa situation géographique, la pression sur le site et le quartier environnant était importante. On sentait la réticence au centre puisqu’il s’imposait de façon brutale dans l'environnement urbain. Nous avons repris le projet pour en faire une version améliorée avec plus de sensibilité aux enjeux de développement durable. »
« Nous souhaitions créer un nouveau signal urbain pour le quartier et lui donner une forme intéressante pour le paysage urbain. »
À terme, deux bâtiments interreliés composeront le centre : un souterrain de trois étages où seront stationnés et entretenus les bus et au-dessus, le deuxième épuré, curviligne et largement fenêtré, sur un étage. Le concept élaboré par Lemay d’un centre de transport complètement souterrain, coiffé d’une plateforme végétalisée accessible au public représente une première en Amérique du Nord.
Le secteur Bellechasse, où s’établira le projet sur un espace totalisant près de 87 000 m², se situe dans le sud-ouest de l’arrondissement Rosemont—La Petite-Patrie, à proximité de la station de métro Rosemont. Il est traversé d’est en ouest par le viaduc Rosemont–Van Horne et est bordé au sud par des voies ferrées et le Réseau-Vert des Carrières.
Il était important pour les architectes d’intégrer harmonieusement le centre à ce secteur façonné par le transport et l’industrie. « Le paysage aux abords du viaduc Van Horne est marqué par d’imposants bâtiments. Avec l’ajout du Centre Bellechasse, nous souhaitions créer un nouveau signal urbain pour le quartier et lui donner une forme intéressante pour le paysage urbain. Le positionnement du bâtiment dans l’espace a aussi été réfléchi afin que le volume hors-sol soit reculé dans le site pour ne pas venir masquer les bâtiments d'intérêt patrimonial environnants », indique Jean-François Gagnon. Un centre d'interprétation placé sous le volume expliquera d’ailleurs l'historique du site.
« L’idée de rondeur a pris naissance à cause des rampes circulaires qui descendent dans le sol afin de permettre aux bus de rejoindre le garage. C’est cette énergie rotative qui a formé le mouvement circulaire du pavillon et a introduit la notion de parcours dans l’édifice. Ainsi, le bâtiment est en constant dialogue avec les différentes échelles de réseaux : piétonne, cycliste, automobile, etc. Sa forme circulaire lui permet de s’adresser à l'ensemble des usagers à différents niveaux », poursuit l'architecte.
« Avec la vision de redonner l'espace aux usagers, le parc aménagé tout autour agit également comme un pont entre le réseau cyclable des Carrières longeant la voie ferrée, la station de métro à proximité, le quartier résidentiel… »
L’échelle réduite de l’édifice favorise son insertion harmonieuse dans le contexte urbain, tandis que sa forme épurée et minimaliste rend hommage aux vestiges de l’ère industrielle de la région. L’accent est mis sur le renforcement du passage piétonnier et des espaces publics qui contribuent à reconnecter le quartier résidentiel adjacent et le réseau vert qui se trouve à proximité.
« Un enjeu qu’il était important d’adresser était celui de la sécurité dans ce contexte d’infrastructure de transport. Beaucoup de fluidité a ainsi été pensée pour ce site aux usages partagés. Un espace vert a été programmé spécialement pour les employés du centre, et avec la vision de redonner l'espace aux usagers, le parc aménagé tout autour agit également comme un pont entre le réseau cyclable des Carrières longeant la voie ferrée, la station de métro à proximité, le quartier résidentiel… Des zones de parcours rapide ont été conçues pour rallier les quartiers et tous les moyens de transports s’y côtoient harmonieusement. Plusieurs espaces immersifs ont été pensés : des zones de détente et de contemplation avec éclairage et mobilier urbain adaptés pour différents usages », élabore Jean-François Gagnon.
« En plus de réduire la pollution visuelle du centre, la stratégie d'enfouissement procure une grande stabilité thermique au bâtiment. Le garage qui sera aménagé pour accueillir un parc de bus 100 % électriques à terme a été conçu en tous points pour limiter son empreinte carbone. », renchérit Hugo Lafrance, directeur - stratégies durables chez Lemay.
« L’apport du projet dans la lutte aux îlots de chaleur urbains est intéressant. On passe d'un site minéralisé à un parc avec au centre un bâtiment au toit blanc », note Jean-François Gagnon. Pour sa part, Hugo Lafrance fait remarquer la grande biodiversité du site projeté qui sera composé d’un côté de prairie et d’un côté arboré qui sont tous deux planifiés dans le projet.
« Il faut mentionner que la STM est un client expert qui a tout de suite embarqué dans la vision de façon exceptionnelle, avec une grande force collaborative », souligne Jean-François Gagnon. Un comité de bon voisinage a d'ailleurs été mis en place par la STM à la suite des demandes des citoyens pour assurer un suivi des enjeux de cohabitation liés au chantier Bellechasse tout au long des travaux. Les travaux ont débuté au printemps 2019 et devraient se terminer au printemps 2022. La Société de transport vise l'obtention de la certification Leed V4 Or pour ce projet.
Lemay s’est vu attribuer un prix du mérite de Canadian Architect pour la conception du Centre Bellechasse. Le Centre de transport Stinson, également conçu par Lemay pour la STM, est certifié LEED-Or et a déjà remporté 10 prix pour ses stratégies d’optimisation, de durabilité, ainsi que l’originalité de l’intégration urbaine.