En résidence au Studio du Québec à New York de janvier à juin 2018, France Goneau amorce une recherche sur l’embellissement en dirigeant sa réflexion sur la beauté et la transformation du corps, et en examinant des artifices et leurs ramifications, positives comme négatives, qui façonnent cette mystique féminine.
Les ornements corporels de l’artiste traitent de l’identité féminine et des contraintes qui y sont associées en évoquant autant les standards de perfection et de séduction féminines, un territoire à la fois familier et insaisissable, que les rencontres fortuites égayant son parcours quotidien entre Soho, où elle réside, et l’atelier Sculpture Space NYC dans Queens, où elle travaille.
La scénographie d’exposition élaborée par l’architecte Jean Verville dévoile ces ornements corporels dans un ensemble finement conjugué à cet univers féminin. Sur le ton de l’opulence propre à la parure, la présentation propose un regard sur la coquetterie, l’élégance et le raffinement pour susciter de nombreuses spéculations. Illustrant divers moments, et entretenant à haute voix le langage de la féminité, cette présentation manifeste une rencontre intimiste avec l’univers de l’artiste France Goneau. L’architecte manipule les dispositifs scéniques pour présenter les ornements sculpturaux tels des artéfacts.
Prothèses, postiches, carcanets et autres accessoires témoignent d’une observation personnelle et nuancée de l'identité féminine, des cultures, traditions et protocoles qui les structurent, tout comme de l’incapacité parfois ressentie face à celles-ci.
Jean Verville opte pour un espace d’un pourpre sombre afin de créer un clair-obscur ; dans cette ambiance feutrée, il accentue l’apparence triomphale de l’imposant vitrail du musée tout en rehaussant l’aspect ostentatoire des ornements d’un éclairage qui anime leurs détails et souligne la méticulosité de leur fabrication. La mise en scène utilise de multiples lentilles afin d’exacerber l'apparence des ornements fantaisistes. L’échelle de ces instruments ornementaux, minutieusement réalisés de porcelaine, de fil de nichrome, de lustres de platine et d’or 24 carats, invite à une proximité permettant d’apprécier la multitude des détails, leur exigence, mais aussi la contrainte, la réminiscence et la temporalité qui y sont évoquées.
Cette disposition circulaire maximise un contact visuel simultané avec ces ornements qui provoque une réflexion sur leur fonction. Exhibant les objets sur des surfaces réfléchissantes, l’architecte les assujettit à une nouvelle complexité formelle, puis les insérant sous protection, il met en relief l’ambiguïté de leurs usages comme leur fragilité et celle des moments évoqués.
QUEENS
Artiste : France Goneau
Architecte : Jean Verville
Photographe : Maxime Brouillet
Construction : Équipe des expositions du Musée (resp. Christine Gareau)