L’établissement est passé de 18 à 24 étages, ce qui a permis l’ajout de 136 chambres. La rénovation du bâtiment met en valeur l’année iconique de sa construction: 1967, année de l’Exposition universelle de Montréal.
En plus des chambres, l’entrée, le lobby, le restaurant et le bar ont été transformés. L’Atelier Zébulon Perron est derrière le design du Restaurant Le Boulevardier et du Bar Lounge Le Flâneur sur deux étages de l’hôtel, au rez-de-chaussée et au premier. Ces lieux communs de l'hôtel reprennent une thématique rétro-internationale, élégante et décontractée.
Assemblage contrasté de verre et de béton
L’hôtel étant situé dans un contexte urbain dense, la construction des nouveaux étages a poussé les concepteurs à innover au niveau technique. Une première en Amérique du Nord, le bâtiment a été construit sur lui-même avec des systèmes de levages, plutôt que de l’extérieur avec une grue. C’est d’abord le toit qui a été érigé par-dessus le toit existant, puis les étages ont été insérés dessous, un à un. Upbrella Construction a mis au point la méthode.
La structure d’acier des étages supérieurs apporte une touche contemporaine à l’architecture brutaliste de l’existant, tout en prolongeant la linéarité. Les architectes souhaitaient intégrer harmonieusement les nouveaux étages au bâtiment d’origine, d’autant plus que le bâtiment est visible dans son ensemble, en bout de rue de l’avenue du Président-Kennedy.
«Nous avons opté pour la légèreté d’un cube de verre de manière à ne pas reproduire l’existant», explique Louise Dupont, designer associée principale de LEMAYMICHAUD. «Il en ressort l’opposition entre l’opacité du béton mat, texturé et la transparence du verre qui réfléchit le ciel et les buildings environnants.»
«Autant la structure nouvelle suit la trame dictée par le bâtiment de 1967, autant les intérieurs ont été conçus dans l’optique de célébrer l’époque» - Étienne Savaria.
Cet ajout de brillance se répète pour la nouvelle marquise qui abrite l’accueil: un porte-à-faux en verre sérigraphié qui s’avance au-dessus du trottoir. La structure permet à la fois d’augmenter la superficie du restaurant à l’étage et d’assurer une présence un peu plus forte du bâtiment qui se trouve en retrait de la rue. «Cette boîte de verre rend l’arrivée du client plus confortable en offrant un abri, s’il pleut ou s’il neige», ajoute Louise Dupont.
Héritage rétro-Expo’67
«Le projet avait pour but de célébrer une certaine période. Autant la structure nouvelle suit la trame dictée par le bâtiment de 1967, autant les intérieurs ont été conçus dans l’optique de célébrer l’époque», dit Étienne Savaria, designer graphique de LEMAYMICHAUD.
Les concepteurs se sont inspirés des transformations bouillonnantes qui animent l’univers du design de l’époque. Les avancées technologiques ont alors permis de concevoir des objets et du mobilier jamais vus. Par exemple, la chaise bulle qui figure comme élément signature dans les chambres.
«En design c’est l’année où le moulage par injection de plastique a été inventé et ça a amené une panoplie de formes qui n’existaient pas avant», Louise Dupont, designer associée principale de LEMAYMICHAUD.
Les courbes se trouvent ainsi omniprésentes à tous les niveaux du design de l’hôtel, comme elles l’étaient dans les années 60. Elles apportent une impression de confort aux accents rétro que le papier peint met en relief. Du bois habille d’autres murs, toujours fidèle à l’époque et chaleureux. La palette de couleurs s’inspire des nuances rétro, revisitées pour une interprétation contemporaine.
Capsule temporelle graphique
La conception d’une signalétique et d’une murale signature inspirées de l’univers graphique des années 60 contribue à la cohérence du concept. Un jeu rétro-moderne de cercles construits et déconstruits indique les étages et des pictogrammes courbes, les services.
Une murale à la fois documentaire et ludique recouvre les murs des salles de bains de toutes les chambres. L’oeuvre présente des articles, des photos et du matériel repêchés dans les archives de Montréal et chez les antiquaires. Certains objets photographiés pour figurer sur la murale appartiennent même à des membres de l’équipe de concepteurs qui se sont prêtés au jeu pour recréer l’univers de l’époque.
Pourquoi placer la murale dans les salles de bains? «N’est-ce pas le lieu où on a le temps d’être curieux et de lire un peu», propose amusée Louise Dupont. «C’est un lieux insolite, comme une petite capsule temporelle», ajoute Étienne Savaria.
C’est ce qui est souhaité, la mosaïque relate des faits amusants sur les scènes culturelles, sociales, sportives et politiques de la fin des années 60 et ne manque pas d’attirer l’attention. «Ça crée beaucoup de commentaires de la part des clients! Ils lisent vraiment les articles et ça suscite des conversations», dit Louise Dupont.
L’hôtel Germain Montréal est nominé aux Hospitaly Design Awards dans la catégorie Identité visuelle et finaliste des Prix d’excellence de la construction en acier de l’ICCA.
Crédits photos: Adrien Williams