Une ville dans la ville
Les trois pyramides d’habitation construites pour Expo 67 et qui constituent aujourd'hui l'Habitat que l’on connait ne sont en réalité qu’une petite partie du projet d’envergure imaginé par Moshe Safdie. Pour Habitat 67, l’architecte, alors âgé de 25 ans voyait grand : un large complexe urbain autonome, sorte de cité dans la ville qui comporterait environ 1000 appartements (150 ont été construits), mais également des commerces, des espaces publics, des rues, une école, des parcs, une salle de spectacle, etc.
L’idée était de recréer la vie urbaine dans ce lieu excentré et de permettre aux résidents de fonctionner sans leurs voitures. Même si une grande partie du projet n’a pas vu le jour, la visite d’Habitat 67 permet de constater à quel point l’idée de la ville a été fondatrice dans le développement architectural du projet.
Espaces publics, passerelles extérieures et rues piétonnes relient entre elles les unités d’habitation et représentent un des points d’intérêt majeur de l’expérience de ce bâtiment.
Omniprésence de la nature
L’approche humaniste préconisée par Moshe Safdie pour la réalisation d'Habitat 67 se retrouve principalement dans l’importance accordée à la nature et à sa relation avec les résidents. Le volume déconstruit et articulé de l’ensemble permet de créer une porosité au vent et à la lumière qui rompt avec l’image massive des immeubles à logements de l’époque. La déconstruction en modules cubiques permet également de maximiser l’entrée de lumière dans les unités et d’y multiplier les vues sur l’extérieur.
Être à l’intérieur d’un appartement d’Habitat 67, c’est avoir le regard qui se porte constamment vers l’extérieur. L’effet est saisissant. Situées à l’extérieur des habitations, les passerelles piétonnes renforcent l’idée de contact avec l'environnement. Ce type de parcours est inhabituel dans la typologie des immeubles à logements, et a été créé afin de faire de chaque unité d’Habitat 67 une petite maison avec son entrée privée accessible de la rue. De plus, il était primordial pour l’architecte de doter chaque unité d’un jardin privé et d’incorporer des terrasses communes, véritables îlots de verdure, sur le parcours piétonnier des occupants.
Innovations constructives
« J’aimerais concevoir une machine à habiter magique », dira Moshe Safdie avant la construction d’Habitat 67. Cette affirmation exprime bien les idées modernistes de l’architecte ainsi que ses préoccupations fonctionnalistes. De ce fait, il est intéressant de savoir que ce dernier a porté une attention particulière à la création d’un système mécanique sur mesure pour le projet. Ce sont les planchers qui accueillent les différents conduits d’aération, de chauffage et les tuyaux de plomberie. Facile d'accès, ce système permet de dégager les murs et les plafonds, ainsi que d’offrir une grande flexibilité dans le positionnement des pièces de l’habitation. Chaque détail intérieur des modules d'habitation a été pensé par Moshe Safdie pour en augmenter l’efficacité et en conserver l’esthétique épurée et brute symbolisant le courant moderniste.
Pour plus d'informations concernant les visites d'Habitat 67, c'est ici.
Crédit photo d'ouverture : Jerry Spearman