Est-Nord-Est, fondé en 1992, est un lieu de création pour les artistes en quête d’inspiration aux abords du fleuve Saint-Laurent. En 2017, les locaux originaux ont été démolis pour faire place à un projet de construction qui pourrait accueillir et loger les artistes été comme hiver.
« Le désir de créer une résidence unique dans le cadre d’un concours au budget très serré représente un grand défi pour lequel il fallait être créatif et innovant. L’utilisation de matériaux simple et la création d’espaces très versatiles aux installations et aux éclairages polyvalents sont venues répondre au besoin de limiter les coûts », explique Régis Lechasseur.
Cette utilisation de matériaux à l’aspect brut et intemporel comme le contreplaqué nervuré, le gypse blanc et le béton poli, dans un espace où les architectes ont mis l’accent sur la lumière naturelle, a contribué à créer un environnement neutre propice à l’expérimentation des artistes. La sélection de matériaux peu dispendieux n’a pas empêché les architectes de privilégier la provenance locale de ces derniers. Par exemple, tous les panneaux de bois à l’intérieur sont composés de contreplaqué de pin du Québec.
« On voulait recréer l’esprit familial, chaleureux et invitant de cette maison » - Régis Lechasseur
Il en va de même pour les revêtements extérieurs. Composé d’un long volume monolithique sobre de cèdre de l’Est blanc surmonté d’une toiture à deux versants recouverte de tôle, le Centre Est-Nord-Est n’est pas sans rappeler la grange traditionnelle. Il fait même clin d’œil aux toits de zinc qui parsemaient les rives du Saint-Laurent durant de longues années. Olivier Bourgeois et Régis Lechasseur possèdent une connaissance intime des paysages ruraux du Québec qui se reflète bien dans leurs projets architecturaux.
Le nouveau centre de 951 m2 est situé légèrement en dehors du centre du village, là même où se dressait la résidence antérieure. « Nous souhaitions reprendre les principes du bâtiment qui avait existé. Dans la première version du Centre Est-Nord-Est, on entrait par la cuisine et c’était très convivial. On voulait recréer l’esprit familial, chaleureux et invitant de cette maison maintenant un peu plus grande qu’à l’origine. », relate Régis Lechasseur.
L’espace étroit et tout en longueur se décline ainsi des lieux communs hospitaliers, aux espaces de création partagés, puis aux quartiers privés, les studios-ateliers, à l’arrière du bâtiment.
À l’entrée, une cuisine accueille toujours les visiteurs dans un espace multifonctionnel qui sert également de salon, d'espace d'exposition et de salle à manger. Cet espace double hauteur présente un escalier en spirale qui donne accès à la bibliothèque conçue sur mesure à la mezzanine. Des puits de lumière délicatement inscrits dans la pente du plafond inondent ce volume de lumière.
Les espaces communs largement fenêtrés s’ouvrent sur une cour extérieure qu’on dirait creusée dans le bâtiment rectangulaire, créant un lien visuel avec la nature environnante. Il s’agit là du véritable noyau du projet. L’espace terrasse gazonné orientée sud-ouest donne lieu d’aire de rassemblement très appréciée des usagers. Sur l’un des murs extérieurs ceinturant la terrasse est apposée une œuvre en aluminium réalisée par François Mathieu. Elle évoque le bois taillé fait écho à l’histoire du village qui a longtemps été reconnu pour sa tradition de sculpture sur bois.
Pendant la conception de cette résidence naturellement entourée d’une grande communauté d’artistes locaux, les architectes ont évidemment été influencés par eux. L’artiste Pierre Bourgault, par ailleurs l’un des fondateurs du Centre et voisin du projet s’est vu très impliqué dans sa réalisation. Il en résulte une demeure au rang des plus accueillantes du genre dans le monde de l’art actuel.
Crédits photos : Adrien Williams