Ouverte sur les fonds de lots de la rue Jarry, la petite rue Saint-Élie étonne. On y retrouve des ateliers de mécanique automobile, des arrières de commerces, des duplex résidentiels, quelques arbres matures et surtout une ambiance de grand calme. En faisant l’acquisition du duplex et de son double lot, ce promoteur fervent amateur d’architecture souhaitait densifier sans dénaturer le secteur et ses allures de village en ville.
Loger cinq familles sur deux étages
Laissé à l’abandon depuis plusieurs mois, le duplex dégarni à l’est et l’ancien garage automobile à l’ouest étaient en piteux état. Pour donner son aval au projet de développement, l’arrondissement demande au promoteur de conserver le duplex existant. Afin de densifier les lots tout en conservant l’échelle humaine du quartier, les architectes proposent d’agrandir le duplex ancien vers l’arrière et de construire trois nouveaux logements mitoyens en lieu et place de l’ancien garage automobile.
Dû aux contraintes de zonage qui limitent les constructions à deux étages, les nouveaux logements sont répartis sur deux volumes : le premier s’aligne sur la façade de l’ancien duplex tandis que le second se dresse en fond de cour pour tirer le meilleur parti de la lumière naturelle disponible sur le site.
Comme un village en ville
Bien que densément groupés, la disposition des cinq logements permet à chaque famille de profiter d’un espace extérieur intime. Les deux unités du rez-de-chaussée s’ouvrent sur un petit jardin côté ruelle tandis que celles aux étages traversent un niveau mezzanine pour accéder à une terrasse au toit. Reprenant le mélange de brique d’argile rouge-rose du duplex existant, le nouveau volume s’inscrit dans sa continuité. Sa facture contemporaine avec ses fenêtres pleine hauteur et ses bandes de brique en soldat s’oppose à la composition classique montréalaise du côté transformé.
À la jonction des deux volumes, une porte cochère donne accès au logement en fond de cour. Vue de la rue, on aperçoit à peine les mezzanines en retrait avec leur revêtement de tôle gris métallique dont la modulation des largeur dessine de grands bandeaux qui soulignent les fenêtres. Les nouvelles fenêtres en aluminium anodisé sont assorties aux métaux ouvrés des escaliers qui s’harmonisent au revêtement léger.
Bien que la superficie habitable sur les deux lots ait plus que triplé (2500 pc vs 8100 pc), l’ancien duplex et ses nouveaux logements mitoyens ont gardé des aires de village en ville.
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Crédit photos: Raphaël Thibodeau