Lors de sa présentation, l’architecte brésilien est revenu sur les violences qui ont marqué son enfance dans une banlieue de São Paulo. Alors qu'il est âgé de quatre ans, son chien est abattu dans la rue. Quelques années plus tard, son père est tué par balles chez lui. Guto Requena, empreint de ces événements violents, a décidé de « faire briller la lumière » autour de lui. Il aurait pu devenir l’architecte de maisons recluses, mais au lieu de cela, il imagine aujourd'hui une architecture humaniste, un monde interactif mêlant environnements physiques et virtuels.
Guto Requena utilise les technologies numériques pour brouiller les frontières entre l’art, le design et l'architecture. Ses créations sont toutes tournées vers l’autre, créant une synergie entre les passants, comme en témoigne son projet « Dis-moi un secret » installé dans un quartier de São Paulo. En 10 jours, 150 secrets en langues différentes ont été enregistrés par les passants et diffusés sous forme de murmures à travers les hauts parleurs du mobilier urbain dessiné par le studio éponyme de l'architecte.
Cet espace interactif a tissé un véritable lien, une complicité entre les habitants. « On a favorisé l’intimité dans un espace public », résume Guto Requena.
« En tant qu'architectes, nous avons une immense responsabilité. Créer un monde meilleur, générer de l’empathie et faire prendre conscience aux habitants de nos villes du bruit, de la pollution que nous générons afin de changer les comportements », affirme Guto Requena. Pour la nouvelle façade de l'Hôtel WZ de São Paulo, le studio Guto Requena explore un concept intitulé « Piratage de la ville ». Dans la journée, une couche de tôle pixélisée de bleu, de gris et d'or habille la façade. Ce camouflage urbain prend vie la nuit, grâce à ses différents capteurs paramétriques. Des créatures lumineuses interactives s’animent au rythme des sons de la ville, se colorent selon la qualité de l'air et dansent grâce à une application qui permet d'interagir avec le bâtiment par la voix ou par tapotements sur un appareil cellulaire.
« Pourquoi ne pas se servir de nos murs pour nous transmettre des messages positifs ? », lance l'architecte à la salle pendant sa conférence à C2 Montréal. Durant les Jeux olympiques de Rio, il a été mandaté pour créer une discothèque sur le bord de mer. « Quel projet enthousiasmant ! Nous avons disposé des capteurs visant à reconnaître les indices de joie du public comme les cris, les applaudissements, le mouvement, précise-t-il. En réaction à ces stimulis, les murs, constitués de lentilles mobiles, s’animent. Plus la foule émet de vibrations heureuses, plus le bâtiment vit. La joie collective en est décuplée. » L’architecture doit répondre à nos besoins, pas seulement à nos problématiques individuelles, mais aussi à nos enjeux sociétaux, à notre communauté.