Théo Chauvirey, designer de l'environnement, explore les possibilités qu'offre le mycélium dans le cadre de sa maîtrise en design à l'Université Concordia. Devant la problématique de recyclage que posent les anciens wagons de la STM, il souhaite proposer une vision du transport en commun qui incorpore les biotechnologies et facilite la recyclabilité des véhicules.
Pour lui, le mycélium est un matériau fascinant. Bon isolant acoustique et thermique, il résiste aux chocs, en plus d'être léger et ininflammable. Biodégradable et neutre en carbone, il permet d'utiliser les déchets de l'agriculture, et c'est aussi un matériau plutôt abordable. À titre indicatif, un sac de chanvre inoculé de mycélium coûte 15 $US, et il a fallu six sacs au designer pour construire un siège pour une personne.
Ecovative est la compagnie qui vend du mycélium aux particuliers et aux designers. La préparation est relativement simple: en ajoutant un peu d'eau et de farine, on active la matière sèche et on nourrit les champignons. Pour figer la pièce, il faut la cuire au four à 90°C afin de tuer le mycélium. On peut également la laisser sécher à l'air libre. Dans ce cas, le mycélium rentre en hibernation. Toujours vivant, il peut alors être réactivé et pousser de nouveau. Cela peut permettre notamment à une pièce de mobilier cassée de se réparer d'elle-même, une propriété assez rare chez un matériau!
Une architecture vivante
Au cours de l'été 2014, l'architecte David Benjamin et sa firme The Living ont construit une tour de mycelium au MoMA PS1, à New York. Représentant la plus grande structure au monde faite à base de briques de champignons, cette tour extérieure éphémère nommée "Hy-Fi tower" avait pour but de servir de refuge aux visiteurs cherchant de l'ombre dans la cour du musée.
Du design expérimental au design commercial
Ces dernières années, les projets de design utilisant le mycélium se multiplient.
Le studio de Vancouver AFJD a conçu du mobilier urbain à l'aide de mycélium mélangé à de la sciure de bois. Les nombreux blocs hexagonaux cultivés sont assemblés verticalement, créant ainsi un motif de nid d'abeilles qui renforce la solidité du mobilier.
Dans son studio d'Amsterdam Officina Corpuscoli, le designer italien Maurizio Montalti travaille, à travers son projet de recherche et de design "The growing lab", le mycélium sous forme de chaises, de chaussures, de sacs, de lampes et de vases.
Après des expérimentations sur les briques de mycélium, Philip Ross fonde avec Sophia Wang et Eddie Pavlu la compagnie Mycowork qui se spécialise en cuir fongique. En Grande-Bretagne, le designer Sebastian Cox et la chercheuse Ninela Ivanova proposent des créations en bois et en mycélium dont le revêtement imite la douceur du suède.
En collaboration avec Ecovative, la designer américaine Danielle Trofe a développé la collection de luminaires "Mush-Lume", des créations élégantes faites de chanvre et de mycélium.
Photo d'ouverture: Krista Jahnke / Mycelium Mockup par AFJD Studio, 2015
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